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Edition du

04/06/2015
N° 895

 

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Attroupement interdit

La fête nationale approche. Mais l’attention du public est plutôt ailleurs. Pour cette année, il y a un risque que les festivités ou, du moins, les préparatifs des festivités soient occultés par la crise politique qui s’aggrave de jour en jour. C’est dans ce contexte plutôt particulier que le ministère de l’Intérieur devait rappeler aux représentants des autorités publiques dans les différentes régions du pays que les manifestations publiques doivent nécessiter une autorisation au préalable. Et que les attroupements sans autorisation sont strictement interdits. Les raisons officielles évoquées sont relatives aux exigences de l’ordre public à l’approche de la fête nationale du 26 juin.

Cette mesure serait normalement systématique en cette période de l’année. Sauf que cette fois-ci, elle coïncide avec une nouvelle crise politique inattendue et une crise institutionnelle aiguë. Le rappel du ministère de l’Intérieur a ainsi suscité quelques commentaires désagréables dans les coulisses politiques, notamment du côté des partis de l’opposition.
On peut envisager divers scénarios une fois que la Haute Cour Constitutionnelle se prononce sur la motion de déchéance du président de la République, Hery Rajaonarimampianina. La procédure pourrait prendre un peu de temps supplémentaire puisque les députés auront encore leur mot à dire après l’analyse du mémoire de défense déposé par l’équipe de la présidence à la HCC. Mais on a l’impression que certains acteurs sont tentés de réagir bien avant la publication de la décision des juges constitutionnels. D’où les diverses mises en garde.
C’est ainsi que le ministère de l’Intérieur devait rappeler l’interdiction des attroupements. C’est ainsi également que les chefs militaires devaient réagir par rapport à d’éventuelles tentatives de coup d’Etat. Comme à chaque période de crise, les autorités civiles et militaires sont appelés à mettre la main à la pâte. Ils reprennent leur tenue camouflée et rangent leur tenue de cérémonie. Les subalternes pourraient bientôt reprendre leur casque et leur fusil. Car il va falloir faire face à des manifestants de rue ou à des nouveaux putschistes si aucune solution politique n’est trouvée à la crise actuelle. Et c’est toujours ainsi.
Le risque d’une aggravation de la situation politique est réel. La prise de responsabilité de la part des autorités civiles et militaires semble incontournable. Mais les simples citoyens se limitent à observer. Ils s’estiment plus ou moins pris entre le marteau et l’enclume. Les politiciens s’entredéchirent tandis que les conditions de vie ne s’améliorent guère. Tout le monde doit être interpellé. Mais peu de gens sont convaincus que les mesures répressives soient la meilleure solution. Ce sera compliqué et difficile à admettre mais il va falloir, tôt ou tard, penser à crever l’abcès une bonne fois pour toute. Le recours à la force ne constitue jamais une solution quand une crise politique secoue le pays. Les événements relatifs aux crises politiques récurrentes dans le pays l’attestent.

J. Nantenaina
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