L’AFDI Haute-Normandie intéressé par La Région D’Antsinanana

04/01/2013

Une première mission de 15 jours d’ « Agriculteurs Français et Développement International » (AFDI) de la Haute-Normandie, dans la région d’Atsinanana, a été effectuée afin de voir les possibilités de son établissement dans la Grande île. Philippe Guitel, agriculteur à La Couture-Boussey et secrétaire général d’AFDI Haute-Normandie, et Bruno Six, agriculteur à Bosguérard-de-Marcouville, sont parmi ceux qui ont réalisé cette première mission dans la région d’Atsinanana. Ils restitueront cette mission le 10 janvier prochain au Neubourg, lors d’une réunion qui visera à définir les contours d’une implication d’AFDI Haute-Normandie à Madagascar. Apparemment, ces derniers sont intéressés par le potentiel de cette région en matière d’agriculture.

Pourquoi avez-vous participé à une mission à Madagascar ?
Philippe Guitel : Cette première mission d’AFDI Haute-Normandie a été réalisée suite à une demande de la Région Haute-Normandie impliquée dans une coopération avec la Région d’Atsinanana à Madagascar. Cette coopération est ciblée sur la formation professionnelle et comporte un volet agricole. A la demande de l’Esitpa (école d’ingénieurs en agriculture, basée à Mont-Saint-Aignan) partenaire de cette coopération et de la région, l’ AFDI Haute-Normandie s’est engagée à étudier la possibilité d’une implication. De nombreux agriculteurs et acteurs de l’agriculture haut-normande avaient participé à la réunion que nous avions organisée en septembre dernier.
Aussi, l’AFDI a décidé de réaliser une mission sur place pour découvrir le contexte et étudier des pistes pour accompagner le développement de l’agriculture familiale.

Quelles ont été vos impressions sur le contexte agricole à Madagascar ?
Bruno Six : J’ai été frappé par le fait que c’est dans les campagnes que l’on mange le moins bien. La région d’Atsinanana, malgré une pluviométrie élevée, n’est pas autosuffisante en riz plus de 6 mois par an. Le terrain accidenté se prête mal à cette culture qui est pourtant la base de l’alimentation. Dans cette région, dite de corridor forestier, l’activité agricole est plutôt une activité de cueillette que de véritable production. Les principales productions sont la vanille, les litchis, le girofle, la mangue. Des cultures de vente qui permettent d’acheter l’alimentation nécessaire à la famille. De nombreux paysans rencontrés ne disposent même pas de traction animale pour leurs travaux, les parcelles cultivées sont très réduites de 5 à 10 a. Enfin, il faut noter que la région subit régulièrement des cyclones qui mettent à mal les investissements que peuvent réaliser les agriculteurs.
Philippe Guitel : Le statut de paysan n’existe pas à Madagascar. Sur les cartes électorales, les paysans sont classés « sans profession ». De plus, dans un contexte de crise politique depuis 2009, l’Etat apparait défaillant et le pays désorganisé. Néanmoins, après 15 jours de mission concentrés sur une seule région, nous ne pouvons prétendre avoir une vision d’ensemble sachant que l’île est plus grande que la France !
En bref, la Grande île possède des potentiels inexploités qui méritent de plus ample réflexion. Si le gouvernement n’accorde pas d’attention sur ce potentiel de développement, alors la place est libre aux étrangers. Au moins, ils se soucient plus du développement du pays que les vrais responsables étatiques. L’AFDI Haute Normandie a été créée le 25 avril 1980 par les principales organisations professionnelles agricoles de l'Eure et de la Seine-Maritime. Elle compte aujourd'hui environ 70 adhérents individuels.