Un investissement durable et rentable

15/02/2013

Les questions se posent bien en ce moment sur ce qu’il adviendra de la Jirama et son approvisionnement en électricité car non seulement les factures augmentent chaque mois, mais son service devient de plus en plus lamentable. Un nouvel horizon doit s’ouvrir selon les experts dans ce domaine, l’utilisation des énergies nouvelles. Une entrevue avec Manantsalama Razafimandranto, Operational Manager de Sun and Wind Factory Madagascar Sarl a permis d’avoir un aperçu de ce que va être le futur dans l’utilisation d’énergie.

LaNation : En général, comment trouvez-vous l’approvisionnement en électricité dans la Grande île ?
Manantsalama Razafimandranto : Depuis des lustres, on a utilisé le système hydraulique et le système thermique en termes de production d’électricité. La Jirama fait face à un problème crucial à présent car elle a utilisé plus pratiquement le système thermique, c'est-à-dire avec l’utilisation de carburant pour fonctionner. Auparavant, ceci était raisonnable car le prix du carburant était encore à la porter de tous. Actuellement, ce n’est plus le cas. En outre, il n’y a pas de vulgarisation du système hydraulique car ceci requiert un grand investissement. La Jirama ne peut plus donner satisfaction à sa clientèle car le prix du carburant devient de plus en plus exorbitant. Noter bien que l’approvisionnement en carburant pour la Jirama est plus couteux que l’énergie qu’elle fournit pour sa clientèle, donc elle travaille à perte.
LaNation : Pensez-vous que l’utilisation des énergies nouvelles ou renouvelables serait une solution pérenne pour contrôler cet approvisionnement ? Pourquoi ?
MR : En tant que technicien, je peux affirmer que les énergies nouvelles peuvent bien contrôler, voire remplacer l’énergie traditionnelle qui est le thermique. La raison est simple, nous avons l’énergie éolienne, solaire et même hydraulique. Je tiens à souligner un point pour que les lecteurs comprennent bien. Non seulement nous avons ces ressources, mais on ne les achète pas, donc c’est un investissement durable. En Hollande, les énergies nouvelles comme le solaire donnent complète satisfaction aux habitants. Madagascar a plus d’avantage que la Hollande car nous sommes dans l’Equateur donc il faut en profiter.
LaNation : En termes des coûts d’installation, sont-ils abordables ? Ou bien comment calcule-t-on la rentabilité si l’on bascule vers cette option ?
MR : Il faut avouer que les coûts du matériel et les installations sont encore plus couteux car tous proviennent de l’extérieur et malgré les diverses détaxations, le coût reste encore cher. En tout cas, une fois installées, les énergies fournies seront abordables à tous. C’est à ce stade là que l’Etat doit entrer en scène pour s’occuper de ce détail avec les partenaires et les opérateurs pour voir la faisabilité. On suggère par exemple l’utilisation de l’Eolienne Hybride de 80KW car elle est adéquate pour Madagascar. On a utilisé ce même modèle pour l’électrification du village d’Ilakaka car elle n’arrivait plus à payer les factures d’électricité avec le groupe électrogène. Pour sa rentabilité, la durée de vie d’une éolienne ou un solaire est de 20 ans. Donc, pour au moins 20 ans, vous n’aurez pas à payer de l’électricité.
LaNation : Pour le panneau solaire ? Est-ce qu’il peut réellement remplacer l’apprivoisement de la Jirama dans la Capitale ?
MR : Je dirai OUI mais dans le cas actuel, ce n’est pas faisable car la ville d’Antananarivo est trop saturée. Par contre, on peut installer un parc solaire ou éolien en dehors de la ville et injecter l’énergie dans la capitale ensuite. Pour ces énergies nouvelles, on a besoin de vent pour l’éolienne et du soleil pour le solaire.
LaNation : Pouvez-vous parler de chiffres en termes d’investissement sur les installations ?
MR : Prenons le cas d’une famille qui voudrait avoir de l’électricité chez elle. Pour regarder la télé, cette famille doit investir 6 millions d’Ariary pour un panneau solaire de 50W avec tous les accessoires. Elle ne paiera plus d’électricité mais au fur et à mesure que la consommation augmente, on n’a qu’à ajouter le nombre de panneaux et de batteries. Pour mon cas, j’habite à la campagne et j’utilise 4 panneaux solaires de 175W chacun et 4 batteries de 460 A. J’alimente tout mon village avec cela. Il y a ma propre maison, une école, l’église du village, une petite entreprise « ravintsara ». En tout, nous sommes autours de 10 à consommer l’énergie fournie par les matériels ci-dessus et j’ai investit 16 millions d’Ariary. Donc, pour dire que les énergies nouvelles sont rentables et fiables.