Basculement imminent vers les produits vivriers

28/04/2013

Le riz constitue la principale culture vivrière et représente également l’aliment de base de la majorité des Malgaches. Récemment, deux grandes catastrophes, à savoir le cyclone Haruna et l’invasion acridienne d’une ampleur jamais vue sont survenues, mettant en péril le riz ainsi que les autres produits agricoles. La révolution est au rendez-vous et les Malgaches doivent considérer un changement de leur habitude alimentaire et pensez à introduire d’autres produits comme le manioc, le maïs, la patate douce et beaucoup d’autres dans leur consommation. Madagascar importe 172 000 t de riz par an alors que le Sud souffre presque en permanence de la famine, le Sud-Est tombe de plus en plus souvent dans une malnutrition qui ne dit pas son nom.

Les terres arables ne manquent pas. Il existe 2 950 000 ha cultivables alors que 600 000 ha seulement sont exploitées et le rendement est au plus bas, avec seulement 2 t à l’ha. Une vraie révolution agricole qui émanciperait la Grande Ile des famines et qui annoncerait la suite logique par une révolution industrielle n’a jamais eu lieu. Faliniaina Rabevohitra Bako Nirina, chargée d’études socio-économique du Réseau d’Observatoires Ruraux ou ROR, a soulignée que « le changement climatique menace les produits agricoles et la sécurité alimentaire. Le riz, pour ceux qui sont hors des observatoires, ne peut pas assurer l’approvisionnement pour toute l’année dans certaines régions de la Grande ile. Donc, il faut penser à changer l’habitude alimentaire des ménages et introduire les autres produits vivriers comme le maïs, le manioc, la patate douce, les fruits à pains, l’igname. Le riz à lui seul, ne pourra plus assurer notre sécurité alimentaire mais il faut améliorer le mode de cuisson de façon à ce qu’il soit plus nutritionnel. Les diverses régions de Madagascar possèdent les produits vivrières qui peuvent pleinement contribuer à ce changement d’habitude alimentaire». La mission du plan d’action pour le développement rural ou PADR, le ROR et l’Office National de Nutrition lors de la matinée d’information qui s’est tenue hier dans la salle de conférence de la VPEI Anosy, est d’interpeller les autorités décideurs de changer de politique et de vision. Il est à rappeler que les catastrophes naturelles affecteront la prochaine production rizicole mais aussi la sécurité alimentaire des ménages. Selon les chiffres de l’ONN, le taux de malnutrition chronique est déjà de l’ordre de 50,1% dans la Grande ile.
Situation dans 4 observateurs !
En milieu rural, la sécurité alimentaire est étroitement liée, aussi bien aux conditions climatiques aléatoires, qu’aux fluctuations des prix des produits vivriers à la consommation. Quatre observatoires ruraux ont été étudiés par le ROR pour illustrer le rôle important des produits vivriers hors riz dans l’alimentation de base des ménages ruraux. Pour le cas de Farafangana, le riz demeure le principal aliment de base durant toute l’année mais la consommation d’aliments de substitution est incontournable en période de soudure. Cependant, l’achat de manioc et de patate douce s’avère important, ce qui laisse entendre la nécessité d’activités extra-agricoles pour assurer les achats de ces produits vivriers. Antsirabe est réputée pour sa polyculture qui se caractérise par une plus large gamme de spéculations agricoles. Le maïs et la patate douce sont des les aliments de substitution les plus recourus ; la pomme de terre étant plus consommée en période de soudure. L’Alaotra Mangoro est essentiellement basé sur le riz et la substitution n’est pas de très grande ampleur. Des fois, le maïs et le manioc sont mis en vente pour des ressources pécuniaires, permettant d’acheter le riz. Dernièrement, Ambovombe se démarque par l’incidence notable des sauts de repas, touchant 48% des ménages en périodes de soudure et 9% en saison plus favorable pour le repas du matin. Comme étant un zone non rizicole, le maïs, le manioc et la patate douce, associés à des légumineuses constituent l’aliment de base. Face à l’importance des produits vivriers hors riz dans la stratégie de substitution de l’aliment de base, il est jugé nécessaire de favoriser un meilleur fonctionnement du marché, aussi bien pour couvrir les besoins que pour se procurer des revenus d’appoint.