Le CIRAD interpelle la communauté internationale

19/06/2013

Les actualités politiques dans le pays empêchent les Malgaches de savoir l’ampleur et les enjeux des attaques de criquets migrateurs. Selon le CIRAD ou Centre International de Recherche Agricole pour le Développement, Madagascar est confronté à une invasion acridienne qui menace sérieusement les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de la population rurale. Les scientifiques interpellent la communauté internationale sur ce phénomène récurrent.

Un communiqué émanent de ce centre de recherche a fait connaître que les attaques de criquets vont empirer la situation dans le milieu rural si celles-ci sont ignorées. Le CIRAD, grâce à des financements internationaux, a largement contribué au développement des outils de prévention mis à la disposition du Centre National Antiacridienne ou CNA comme le système d’information géographique (SIG), données météorologiques et satellitaires, et informations sur les populations de criquets. Ils ont permis en outre des données exactes pour comprendre la dynamique des populations de cet insecte ravageur, de délimiter les aires d’origine des invasions et de définir les conditions écologiques conduisant au démarrage d’un tel cataclysme. La Grande île se trouve alors impuissante face à ces attaques de criquets sans soutien extérieur. Les Malgaches font face à un phénomène de « phasage » du comportement des bailleurs et des décideurs politiques, qui est à l’évidence calqué sur les phases du criquet migrateur. « La communauté internationale doit se mobiliser pour résoudre ce problème de criquet qui n’est pas seulement scientifique, ni technique, mais également humain, financier et politique », souligne Jean-Michel Vassal, chercheur au CIRAD. « Le CIRAD est prêt à s’associer à une réflexion collective sur le sujet. Ses équipes travaillent d’ores et déjà à la compréhension de ce cercle vicieux et aux meilleurs moyens d’en sortir. Il y va de la crédibilité de l’aide au développement dans ce domaine ». Les moyens techniques à mettre en œuvre sont connus. Mais, et ce depuis des années, les appuis successifs des donateurs n’ont pas eu l’efficacité escomptée.
Les faits sont connus
Dès 2010, un an après la fin du dernier projet d’assistance du CIRAD au CNA, le risque d’invasion réapparaissait. La situation ne cessait d’empirer ensuite et le dernier plan d’urgence de la FAO (2013) fait état d’un besoin de près de 42 millions de USD sur 3 ans pour tenter de stopper la catastrophe. Les causes de la situation actuelle sont multiples. Les conditions écologiques favorables aux criquets ont été créées lors du passage du cyclone Haruna sur le Sud. Mais aussi une prolifération des criquets, passée inaperçue, et non traitée à temps. Par ailleurs, Madagascar subit une crise politique depuis le 17 mars 2009, ayant entraîné une réduction drastique de l’aide internationale. Les financements nécessaires ont ainsi cruellement manqué et seuls 30% des besoins comme les pesticides semblent avoir été couverts. Et chaque invasion produit à chaque fois les mêmes effets. Selon le communiqué de la CIRAD toujours, « les actions d’urgence coordonnées actuellement par la FAO sont d’une utilité flagrante pour soulager les populations rurales de la menace qui pèse sur elles. La mise en place d’un programme de 3 ans pour sortir de la crise actuelle est une initiative judicieuse et indispensable. Mais cela ne résout pas le problème sur le long terme et les améliorations successives apportées au dispositif de surveillance n’ont servi à rien ».