En pleine régression économique

06/07/2013

Malgré le potentiel économique et humain dont la Grande île dispose, Madagascar est compté parmi les pays les plus pauvres. La crise politique a contribué fortement à cette situation que vit actuellement la grande île depuis ces quatre dernières années. La Banque mondiale réitère son souhait de voir la crise actuelle se terminer pour éviter des chocs exogènes que les Malgaches ne supporteront certainement plus.

Les experts en analyse économique comme les agents de la Banque Mondiale trouvent que Madagascar s’enlise continuellement dans une extrême pauvreté. Il semble que Madagascar affiche une performance économique décevante depuis les cinq dernières décennies. La croissance économique reste trop faible et, quand elle a lieu, insuffisamment partagée pour donner lieu à une réduction significative de la pauvreté. Une rencontre avec la presse, hier au siège de la Banque mondiale Anosy, a permis de recueillir des détails sur cette régression économique du pays. Haleh Bridi, Country Director de la Banque mondiale pour Madagascar a expliqué. « Madagascar était déjà parmi les pays pauvres dans le monde malgré ses richesses naturelles. La crise n’a fait qu’aggraver les choses. En effet, Madagascar est quatre fois plus pauvre en ce moment que ce qu’il était en 1960 et 92% des Malgaches, soit 9 Malgaches sur 10 vivent sous le seul de pauvreté, avec seulement 2 dollars de revenu par habitant par jour. En quatre ans donc, il y a eu près de 4 millions de nouveaux pauvres. Ces quatre dernières années sont des années de développement socio-économique perdues, qui auraient pu contribuer à l’amélioration de vie des millions de personne qui vivent dans la précarité ». Le PIB par habitant à Madagascar est de 465 dollars pour 2011, comparé à 8.000 dollars pour l’Afrique du Sud et plus de 8.700 dollars à Maurice. Sur 155 pays étudiés, 19 pays dont Madagascar ont connu une régression économique cumulative pendant les 20 dernières années (mesurée par le PIB par tête en termes réels). Les 136 autres pays ont connus au moins une croissance positive : 80 d’entre eux ont connu une croissance de plus de 50% du PIB par tête en 30 ans et 35 ont au moins doublé leur PIB par tête. Pour Madagascar, cette régression est due aux divers effets de la crise politique.
Des vies derrières des chiffres
Selon toujours Haleh Bridi de la Banque mondiale, « derrières ces indicateurs macro-économiques, ce sont des vies d’êtres humains qui sont atteintes. Des entreprises qui ferment, des hommes et des femmes qui perdent leur travail, des familles qui ne mangent plus à leur faim, des enfants qui ne peuvent plus aller à l’école, des bébés qui accusent un retard de croissance aux effets irréversibles. Ce sont des millions de personnes qui sont plongés dans la pauvreté à laquelle il leur sera difficile d’échapper. Ces personnes présentent le risque de transmettre cette pauvreté en héritage à leurs propres enfants. Mais, je tiens à souligner que cette situation est modifiable mais des efforts doivent être engagés. Pour cela, la Banque mondiale souhaite encourager tous les acteurs de la vie économique et politique à participer au dialogue sur le développement et à mettre fin à la crise politique ». Madagascar a perdu environs 8 milliards de dollars pendant les 5 dernières années. Or, ce montant aurait bien été utilisé pour le développement du pays et pour la réduction de la pauvreté. Pour la Banque mondiale, les priorités pour le développement sont les infrastructures, le volet social. Il faut également encourager les investisseurs à travailler dans le pays pour la création d’emploi, la fiscalité etc… Beaucoup d’efforts sont nécessaires pour parvenir à remonter l’économie nationale, mais la pauvreté extrême est réversible d’après la Banque mondiale, car il suffit d’avoir la volonté d’aboutir.