Madagascar passera difficilement la période de soudure

23/07/2013

Selon la FAO, Madagascar a subi des cycles annuels exceptionnels de sècheresse, de cyclone et d’inondation ces 15 dernières années. Le prix du riz a été jusqu'ici protégé de l'envolée internationale des prix, grâce à une production locale relativement stable mais cette situation ne garantira pas, d’après cet organisme international, la sécurité alimentaire en période de soudure qui risque d’être rude cette année.

L'année 2008 à elle seule, a donné lieu à trois cyclones qui ont provoqué le déplacement de plus de 330 000 personnes et, au lendemain de ces catastrophes, les réserves de vivres et de semences épargnées, avaient été en grande partie, consommées, souligne le rapport de la FAO. Le danger menace les Malgaches surtout les paysans qui risquent de ne pas avoir assez de nourriture en période soudure. « … l'on craint que la production rizicole de cette année, une fois les cultures de saison et de contre-saison récoltées d'ici à octobre, ne suffise pas pour permettre à la population de passer la période de soudure. S'il veut couvrir les besoins alimentaires jusqu'à la prochaine récolte, en mars, Madagascar devra importer du riz à un prix probablement encore très élevé, puisque 70% supérieur au prix local actuel. On estime à 270 000 tonnes la quantité de riz à importer pour couvrir les besoins alimentaires », réitère la FAO. Celle-ci entend aussi lancer une analyse générale du système commercial malgache, caractérisé par des déséquilibres surprenants qui font que les hausses de prix, contrairement d'ailleurs aux baisses de prix, ne se répercutent pas dans les zones productrices de riz alors que, dans le reste du pays, les consommateurs sont contraints de payer le prix fort.
Un projet de 500 000 USD
La FAO vient de lancer, ce mois de juillet, un projet du Programme de coopération technique, mobilisant un financement de 500 000 USD, qui a été immédiatement mis en œuvre pour fournir à quelque 5 000 agriculteurs et à leurs familles, des semences de haricot et de riz, destinées à la plantation des cultures de contre-saison. L'objectif étant de faire augmenter la production agricole de cette année et de favoriser le rétablissement du système de production de semences du pays, en formant les agriculteurs à la multiplication de semences de bonne qualité. Dans le cadre de ce projet, la FAO cible seize régions dans le sud-est du pays, une zone frappée de plein fouet par les cyclones les plus récents. La FAO distribue par la suite des engrais et des outils, tels que fraiseuses et pelles, aux familles d'agriculteur. Dans un futur plus lointain, Madagascar pourrait devenir non seulement autosuffisante en riz, en culture vivrière de base, mais aussi devenir exportatrice aux îles de l'Océan indien et aux pays d'Afrique de l'Est. La FAO soutient les propositions qui vont en ce sens, au moyen de mesures efficaces de maîtrise de l'eau, tandis que dans le sud, d'autres cultures résistantes à la sècheresse, telles que le maïs à cycle court et le sorgho, pourraient contribuer à diversifier le régime alimentaire national et alléger la dépendance à l'égard du riz. Jusqu'à récemment, le sud était gros producteur de maïs. Mais avec la diminution des précipitations déjà peu abondantes, la FAO et son partenaire, l'Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT), ont réintroduit le sorgho, une culture résistante à la sécheresse et nourrissante, adaptée aux rudes climats arides. Le maïs à cycle court, moins vulnérable aux épisodes de sècheresse, est aussi en cours d'introduction.