Des hauts gradés contraignent Andry Rajoelina à se présenter

13/12/2012

Des chefs de commandement de l’armée et de la gendarmerie se sont réunis, hier, à la suite du retrait de Marc Ravalomanana de la course à la présidentielle. Ils ont décidé de mobiliser tous les moyens nécessaires pour empêcher le retour au pays de l’ancien président. Ils vont faire en outre, pression pour « obliger » Rajoelina à se porter candidat. Le troisième acteur de la crise veut continuer à jouer un rôle crucial.

L’armée, dont les chefs de commandement soutiennent aveuglément Andry Rajoelina depuis 2009, se mobilise pour empêcher, coûte que coûte, le retour à Madagascar de l’ancien président. Les mêmes chefs militaires vont faire pression également pour « obliger » Andry Rajoelina de se porter candidat.
Pourtant, Rajoelina était sans doute au courant avant tout le monde de la décision de Ravalomanana. Beaucoup s’attendaient à ce que le chef de la Transition annonce sa candidature lors de l’inauguration du coliseum d’Antsonjombe. Mais en vain. C’est parce qu’au même moment, Marc Ravalomanana a annoncé qu’il ne sera candidat à aucune élection organisée en 2013. La logique veut maintenant qu’il renonce lui aussi à se porter candidat à la présidentielle de 2013. Son patriotisme est ainsi mis à l’épreuve. Mais les militaires qui le soutiennent vont en décider autrement. Sans Andry Rajoelina au pouvoir, ces militaires ne seront plus ce qu’ils sont actuellement. Pis, certains d’entre eux risquent gros, après avoir pris en otage les Malgaches pendant des années.
Farfelus
S’il est patriote, Rajoelina doit aussi renoncer à sa candidature. Ce sera une décision difficile pour le jeune putschiste. Il compte consulter ses collaborateurs politiques. Ces derniers ont toutefois attendu depuis longtemps l’annonce solennelle de la candidature de Rajoelina. Même les farfelus du TIM qui ont tourné casaque souhaitent ardemment soutenir Andry Rajoelina lors de la prochaine élection. Les hommes politiques qui ont acquis quelques privilèges depuis le début de la Transition n’attendent aussi que la candidature du président de la HAT. Cette horde de politiciens auront du mal à accepter le retrait de Rajoelina. A cela s’ajoute désormais la pression des hauts gradés de l’armée et de la gendarmerie qui lui doivent tout. Mais si le président de la HAT insiste toutefois à se porter candidat, il sera définitivement décrédibilisé vis-à-vis de la communauté internationale.
Contrepartie
Dans l’autre camp, la décision de Marc Ravalomanana était venue comme un cheveu dans la soupe pour ses partisans. C’est, en plus, le jour de son anniversaire que ses sympathisants apprennent la volte-face de l’ancien président. Un communiqué de la présidence tanzanienne a confirmé la nouvelle. Il a toujours promis, en effet, de se porter candidat « coûte que coûte ». Il s’est soumis finalement à la suggestion du Sommet extraordinaire de la SADC qui préconise le retrait des deux protagonistes de la crise. Marc Ravalomanana n’aurait pas pu accepter de se retirer ainsi sans une « contrepartie ». Laquelle ? C’est la suite des évènements qui le dira.
Etats généraux de l’armée
L’évolution de la situation politique dans le pays nécessite effectivement une réaction vigoureuse de la part de l’armée. Mais pas celle d’obliger Rajoelina à se porter candidat. L’un des principaux protagonistes de la crise a déjà renoncé à sa candidature à la présidentielle. C’est un grand pas vers la résolution de la crise, d’une manière ou d’une autre. Et qu’on le veuille ou non.
L’armée qui a joué un rôle essentiel dans cette crise, est appelée à prendre également ses responsabilités. Il est temps de relancer les états généraux de l’armée. La grande muette doit se pencher sur son nouveau rôle dans un nouveau contexte. Depuis 2009, elle a obéi au doigt et à l’œil à Andry Rajoelina. Ayant participé activement au coup d’Etat de 2009, les militaires pro-Rajoelina devaient, en effet le soutenir coûte que coûte.
FFKM
Dorénavant, l’armée est appelée à méditer sur l’avenir du pays. Celui que les militaires ont chassé du pouvoir en 2009 a consenti de ne pas revenir au devant de la scène en 2013. Il est du devoir de l’armée d’interpeller l’autre principal acteur de la crise, Andry Rajoelina. Mais a priori, les hauts gradés ont choisi une nouvelle dérive.
Les états généraux de l’armée devraient être suggérés aux militaires par une entité neutre et respectée par la majorité des acteurs de la crise. A cet effet, l’unique organisation crédible est le FFKM qui a déjà fait savoir sa disponibilité à jouer un rôle dans la résolution de la crise à Madagascar. La médiation du FFKM ne concernera plus ainsi les civils uniquement, mais aussi l’armée qui a une lourde responsabilité dans le désastre actuel.