Refus d’une condamnation manigancée

05/01/2013

Un Recours en opposition au verdict du tribunal de Première Instance qui condamne les journalistes de Free FM, sera déposé à Anosy ce lundi. La condamnation concerne la manifestation organisée par la station radio, le 19 mai dernier, à Ambohijatovo. L’avocat Andry Fiankinana précise qu’une fois le Recours en opposition déposé, le verdict concerné devra être considéré comme « non avenu dans toutes ses dispositions », conformément à l’article 397 du Code de Procédure Pénale. La démarche sera entamée en tout cas dès lundi. La défense a choisi le Recours en annulation, étant donné que les principaux concernés n’étaient même pas au courant du procès qui avait lieu le 20 novembre dernier. Il s’agissait ainsi d’un jugement rendu par défaut.

Dans un Etat de droit, le verdict ne devrait pas être applicable dans les dix jours suivant la notification du verdict. Par ailleurs, à la suite de ce Recours en opposition, toute la procédure judiciaire devrait normalement reprendre depuis le début.
Instrumentalisation de la Justice
Les journalistes de Free FM, Lalatiana Rakotondrazafy et Fidèle Razara Pierre ainsi que leur avocat, suspectent en outre une certaine manipulation derrière la condamnation de trois ans d’emprisonnement ferme et la confiscation des matériels de la radio. En effet, ils ont appris le verdict par voie de presse hier, et le même jour, une missive du ministère de la Communication est adressée à la directrice de Free FM, l’enjoignant de suspendre l’exploitation de la station radio jusqu’à la décision définitive de la Justice. L’objet déclaré de la missive est une Mesure Conservatoire. Elle a été envoyée par le ministre de la Communication officiant en tant que Président de la Commission Spéciale à la Communication Audiovisuelle (CSCA).
Il faut savoir que le 28 décembre dernier, Lalatiana Rakotondrazafy avait notifié le ministère au sujet du transfert du siège de Free FM à Namontana et concernant la reprise de ses émissions pour ce début janvier. Rien n’est donc fortuit. Car cela ne peut pas être du goût de ce régime qui a une peur bleue de la liberté de ton, adoptée sur la station de radio auparavant. Raison pour laquelle les journalistes de Free FM y voient plutôt de la manigance et de l’intimidation. En clair, une instrumentalisation de la Justice pour faire taire une radio privée.
Une question mérite réflexion : si la manifestation du 19 mai qui n’a débouché sur aucune violence grave a conduit à une condamnation de trois ans d’emprisonnement ferme, les événements du 26 janvier 2009, qui ont occasionné environ 80 morts et d’importants dégâts matériels aboutiront sur quel genre de peine ? A méditer.