Omer Beriziky aura-t-il droit à la parole ?

08/01/2013

Le Premier ministre de la Transition sera attendu demain à Iavoloha pour recevoir les vœux du couple présidentiel. Sauf changement, le Premier ministre n’a pas droit à la parole. Il doit rester clouer à son siège. La présidence a muselé toutes les langues qui pourraient se délier publiquement dont celle du Premier ministre. Cette fois-ci, la donne a changé et la parole est réduite au verbiage de Andry Rajoelina si d’accoutumée à ce genre d’évènement, les chefs d’institution ont leur droit à la parole. « La cérémonie étant solennelle, comme à l’accoutumée, l’occasion sera ainsi offerte au Chef de l’Etat pour dresser le bilan 2012 et les perspectives 2013 pour Madagascar », souligne un communiqué de la présidence de la Transition, hier. Le Premier ministre n’a pas droit à son propre bilan ni à ses perspectives. Si la présidence a voulu agir ainsi contre le Premier ministre, la situation démontre à quel point la rupture entre les locataires de Mahazoarivo et d’Ambohitsorohitra est consommée plus que jamais. Car, entre les deux palais d’Etat, le désaccord sur certains dossiers brûlants de la Transition est à son comble à tel point qu’il pousse l’autre camp à éviter l’intervention de l’autre.

Pourquoi Omer Beriziky ira-t-il donc à Iavoloha s’il n’a pas droit à la parole? Si le Premier ministre prend ses responsabilités en tant que garant de la neutralité de la transition, qu’il prenne sa responsabilité par rapport à cette attitude de la présidence. Cette dernière évite de faire parler ce que le « consensus », incarné par Omer Beriziky, avait diagnostiqué durant les 15 mois de feuille de route de sortie de crise. Si Omer Beriziky tient, mordicus ses paroles selon lesquelles la feuille de route est son seule patron, il ferait mieux de rester chez lui lorsqu’on savait que la tribune ne lui est pas autorisée pour jeter un coup d’œil aux réalisations, leçons, bévues, durant les mois de la mise en œuvre de la feuille de route. En tout cas, cette mesure prise par la présidence annoncera une nouvelle perspective du régime d’Andry Rajoelina. La dictature va se durcir pour que personne, sauf les plus zélés, n’ait droit à la parole.
Ce Premier ministre de la Transition a essuyé des critiques acerbes durant son mandat. Les partisans d’Andry Rajoelina sont à la première loge pour essayer d’abattre les ailes d’Omer Beriziky. Entre le président de la transition et son Premier ministre, les relations sont visiblement froides depuis un certain temps. Lorsque le Premier ministre avait souhaité qu’Andry Rajoelina enterre son ambition présidentielle, ce dernier a précipitamment mobilisé ses troupes afin de contre attaquer Omer Beriziky sur les fronts. Lui, il préfère garder son silence qui a été, d’ailleurs, jugé complice par les observateurs. Ainsi, sous l’impulsion d’Andry Rajoelina, Omer Beriziky a été torpillé et risquait même sa place.