Gagner du temps et puis après ?

14/01/2013

Si l’on croit les spéculations de quelques têtes politiques, le problème de ce pays se résume à une dualité inutile entre deux personnes : Marc Ravalomanana qui a le mal du pays et le jeune prétentieux qui veut absolument devenir le président d’une République, après avoir ramassé le pouvoir dans la rue. Tout le reste n’est que diversion et délire de politicards désireux de ne pas rater un train et rester abandonnés sur les quais. Qu’on le veuille ou non, le sort de ce pays se décidera par la voie des élections. Reconnues par tous bien entendu, mais pas dans les conditions que certains esprits tordus envisagent de mettre en pratique. Déjà, à propos du calendrier, les prévisions ne se rejoignent pas du tout, malgré l’insistance et l’entêtement obstiné de quelques candidats trop pressés de se voir à la tête de la magistrature suprême, avec tous les honneurs et les… avantages liés à cette haute charge. Ni plus, ni moins.

Il est permis de rêver, n’est-ce pas chers honorables prétendants ? Pour ceux qui, déjà, ont fait part de leur détermination à descendre dans l’arène, la cause est entendue… Les préoccupations légitimes de toute la Nation et de la communauté internationale restent et demeurent l’hésitation incommodante d’Andry Rajoelina qui ne se décide pas de plonger dans l’eau. Par pure frilosité ou tout simplement pour gagner du temps et mettre ainsi dans une position inconfortable l’homme d’Imerikasina.
Le scénario imaginé par un analyste d’une lucidité que l’on peut mettre en doute veut que, déjà avec tous les appareils juridiques et juridictionnels attachés de fait à ses attributions, le Chef de la Transition a l’avantage de l’homme du sérail. Par-dessus le marché, il dispose des éléments composant le système pour bloquer telle ou telle procédure susceptible de favoriser une voie royale pour un concurrent. Par tous les moyens, celui-ci ne doit, en tout cas pas sortir de ce labyrinthe de difficultés auxquelles il a été exposé depuis le début de ce marché de dupe. Imaginons un instant le cas probable où, pour la constitution de son dossier de candidature, Marc Ravalomanana ou son mandataire se trouverait confronté à un mur de refus pour telle ou telle pièce. A quelle instance de recours pourra-t-il se fier ? Difficile d’imaginer qu’on puisse lui venir en aide au risque d’indisposer qui vous savez… Le handicap le plus infranchissable sera le jeu des dates d’un calendrier qui dépendra en tout et pour tout du bon vouloir de celui qui veut absolument indisposer l’exilé de Johannesburg, rien qu’en reculant le plus possible le jour où il dira : « Pouce, je suis candidat ! »
Les mauvaises langues craignent, que l’idée de courtiser de nouveau les adhésions, à géométrie variable, de quelques signataires quérables et moyennant finances, ne mette au monde une entente inattendue afin de justifier une prolongation unilatérale. Pour quoi faire ? Les élucubrations les plus folles prétendent qu’il suffit qu’on mette en place un gouvernement, avec un cabinet fantôme quelque part, autre que celui d’un Omer Bereriky vissé à Mahazoarivo et le tour est joué. Un Premier ministre aux ordres et corvéable à merci pour être d’une docilité serviable, fera tout pour verrouiller les élections. Que dira l’opinion internationale si pareille chose se réalise ? Mais rien du tout ! Madagascar est un pays … sous vérin. Et puis, le droit d’ingérence alors ? Depuis tout le temps que la transition s’assoit dessus, il n’y aucune raison qu’elle impressionne encore les princes qui nous gouvernent.