Eclatement d’une guerre ethnique

14/01/2013

Le pays vit dans une véritable, profonde et dangereuse crise politique. C’est du moins ce que démontrent les réalités de ces derniers temps. En fait, des actes de vandalisme ont éclaté le week-end dernier à Tuléar. Le samedi, au courant de l’après-midi, des gens qui venaient d’assister au meeting politique dirigé par Pierrot Rajaonarivelo du parti Mouvement pour une Démocratie à Madagascar, au Jardin de la Mer, s’affolent et finissent par perdre leur sang froid pour s’en prendre à des commerçants logés au cœur des pavillons du marché de Bazar Be, Toliara I et du quartier Secama sur la route de l’Université de Maninday. Ces derniers ont saccagé les vitrines, détruisent les étalages, mais évitent d’incendier les pavillons. Des sources locales ont bien spécifié que « la majorité des victimes sont des originaires des hautes terres, particulièrement des merina ».

Jusqu’à présent, les véritables raisons de l’affolement ne sont pas déterminées malgré l’ampleur de la manifestation. Les autorités locales, notamment les forces de l’ordre, ont pu intervenir à temps pour éviter le pire. L’intervention des militaires ont donc pu évacuer la dangereuse menace d’éclatement d’un affrontement entre les habitants de ses quartiers. La situation est revenue et un calme précaire règne actuellement. Les représailles se font toutefois craindre de la part des victimes. Une enquête aurait été ouverte sur cette affaire mais jusqu’à présent aucune tête n’est tombée. Les auteurs des actes de vandalisme, les incitateurs aux troubles, les têtes menaçantes à l’ordre public, continuent à trainer leurs pieds jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse.
Au cours du meeting, Pierrot Rajaonarivelo, également ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Beriziky, a tenu un discours plus ou moins sulfureux contre le régime en place. Il a critiqué la Transition et revendique la tenue des élections dans les délais prévus, afin d’éviter la prolongation de la « crise manara-penitra », selon ses propres termes. Décidemment, le chef de la diplomatie malgache, dont ces relations avec Ambohitsorohitra se sont détériorées depuis un certain temps, aurait pu avertir les fibres sensibles des plus zélés de son assistance, lesquels finissaient par se dégénérer. Du coup, une manifestation de colère inédite, teintée par un fond de rivalité ethnique, a fini par avoir lieu à Toliara I.
A l’instar de ce qui s’est passé à Toliara, il va sans dire que le pays est menacé par un imminent affrontement civil, faute de consensus au niveau politique. L’absence d’une résolution politique crédible et consensuelle, synonyme de la reprise des contrats financiers avec les bailleurs de fonds, exposera le pays à une menace tribale. Certes, les barons du régime ont réussi à surmonter les premières vagues de contestation populaire mais les raisons, motivations et conditions de la crise sont toujours là. La pauvreté gagne davantage du terrain, le taux de chômage monte en flèche, la hausse du coût de la vie serait inévitable, la tension politique est à son comble. Les bailleurs de fonds qui ont plié bagage et décident de ne plus revenir avec leur mallette que sous un régime stable. Leur départ a pourtant provoqué un désastre social sans précédent.