Grincement de dents et bruits de bottes

16/01/2013

Chacun y va de son couplet de nationalisme à fleur de peau pour faire montre d’un sentiment de défenseur des intérêts d’un peuple malgache pour lequel les tenants du pouvoir ne consacrent qu’une pensée à peine symbolique, le temps d’un discours. Se prendre pour un champion de la xénophobie dirigée à l’endroit de quelques investisseurs pas très dociles, pour passer à la caisse, est à la mode depuis quelques jours. Les un et les autres, les grosses pointures de la politique politicienne s’y prennent si bien que les idées entrechoquent dans un vacarme assourdissant d’un charivari oratoire fort significatif.

La déclaration d’Andry Rajoelina, diffusée par les médias officiels ne manquera pas tout bouleverser. En s’abstenant d’être candidat pour la prochaine élection présidentielle au lieu d’arranger les choses, ne peut que troubler davantage un climat politique local au bord de la guerre civile.
Ce début de la semaine a été marqué surtout par les interventions fracassantes sur la nécessité ou pas de fricoter avec l’étranger. D’un côté, les chantres d’une fermeté calculée à l’endroit de la communauté internationale se débattent désespérément dans des gesticulations qui font sourire les vieux routiers de la diplomatie au service des intérêts des pays amis. En face, des oppositions au verbe farouche déclament sans fin des prises de position qui ressemblent un peu trop à ce que les législateurs désignent sous le vocable équivoque « d’intelligence avec l’ennemi » . Le point fort de cette semaine restera l’aveu tardif du Chef de la Transition. Qu’il ne se présente pas importe peu pour ses concitoyens qui ne voient plus en lui, le jeune aimé et adulé des folles sarabandes de2009 sur la Place du 13 mai.
Des analystes d’une lucidité d’un très haut niveau voient dans cette volte-face de dernière heure, un recul pour mieux sauter… Vers l’an 2020 ? Il faut voir ailleurs et raisonner autrement. Qu’on le veuille ou non, la transition aura encore une longue vie devant elle. On devine déjà qui et qui se frottent les mains de satisfaction quelque part ? La conduite des affaires de l’Etat restera encore et toujours entre les mains de ces ploutocrates qui gravitent au sein du Palais d’Ambohitsorohitra. C’est ce qu’on appelle jeter du lest pour mieux prendre de la hauteur et s’adonner plus encore aux activités habituelles de prédateurs et profiteurs au détriment des biens publics et des richesses nationales. L’opinion internationale ne peut plus rien reprocher aux caciques de la transition. Le plus grand perdant sera Marc Ravalomanana qui, avec cette grosse étiquette de faiseur de trouble qu’on lui collé derrière le dos, ne peut et ne doit revenir sur le sol national. Et la communauté internationale n’aura plus rien redire de l’intransigeance des autorités civiles et militaires de ce pays en ce qui concerne un retour improbable de l’homme d’Imerikasinina.
Il faut reconnaître que le stratège qui a conçu ce dérapage contrôlé a vu juste en utilisant une application tactique de « way out » digne de ce chef de guerre chinois fameux Sun Tzu. A l’heure qu’il et depuis hier à 20 h 05, on peut imaginer sans craindre de se tromper qu’une épidémie de colique fait rage aussi bien dans les rangs des zélateurs de la transition que parmi ceux qui ont rêvé de continuer à vivres dans le cercle des habitués d’un palais d’Etat. Les contestataires de la Fonction publique doivent être aux anges eux qui, dans leur lutte désespérée, ont vivement souhaité un monde sans Andry Rajoelina au pouvoir !