Il est permis de rêver

17/01/2013

Le jour de gloire est arrivé, c’est la conviction-refuge de tous les zélateurs d’une transition qui n’a que trop durer. Pour se consoler, nombre des courtisans du régime actuel se gargarisent de déclarations élogieuses sur un président de la Transition tout court maintenant, jusqu’à nouvel ordre. Dans un entretien avec la Radio France International, l’intéressé a cru bon de se donner lui-même une stature, qui n’est pas sans rappeler une fable de La Fontaine sur la grenouille et le bœuf. N’est pas l’Homme de l’Appel du 18 Juin ou l’ancien prisonnier des geôles de l’Apartheid, qui veut…

Des entretiens avec des personnalités qui avaient une charge, soit dans l’exécutif, soit dans les Assemblées de cette Transition qui n’en étaient pas une (vu la durée qu’elle s’est octroyée), ont permis de saisir plusieurs facettes de la situation actuelle, après cette déclaration qui n’avait surpris que le dernier des naïfs. Pour l’une d’elles, qu’Andry se présente ou pas, ne l’intéresse guère, lorsque l’essentiel sera d’abréger la souffrance de toute une nation. Selon cette dame très avisée, tout le pays a trop longtemps croupi dans la pauvreté en l’absence d’une prise de conscience de la part de dirigeants, trop épris du paraître et de l’enrichissement personnel rapide. Un militaire, officier de surcroît, sous le sceau de l’anonymat, n’hésite pas à avouer sa méfiance, après avoir entendu en réponse à une question de Christian Boisbouvier à propos d’un « scénario à la Poutine ». Affirmer au micro d’une station radio mondiale qu’ « Aujourd’hui, on n’a pas encore mis sur table toutes les stratégies », sans exclure clairement le style évoqué, tout en laissant entendre que l’on en saura « beaucoup plus dans quelques semaines », pour le commun des mortels, voudra dire que l’ambition de diriger le « peuple malgache » reste et demeure l’objectif principal du jeune novice de la politique politicienne. Et si aujourd’hui, lui et sa clique de courtisans adoptent un repli stratégique, « c’est pour mieux sauter ». Cette détermination a été déclarée de vive voix sur les antennes de Radio Viva, hier entre 13 h00 et 14 h00, par des voix autorisées… La grande question est de savoir le but caché de « ce grand bond » auquel se préparent ses proches « partisans ». Parce qu’un passé, rempli et plein des frasques délictueux de l’entourage des grands chefs de la transition ne peuvent rassurer personne, même si la main sur le cœur, Andry Rajoelina se propose d’« être toujours aux côtés du peuple malgache pour tracer un chemin qui mène au développement » de son pays.
Dans toutes les déclarations affichées sur les ondes de RFI, le doute est permis quant à la capacité de concrétisation des rêves de quelqu’un qui s’imagine pouvoir « prouver qu’il y a un homme d’Etat en Afrique et non pas deux à Madagascar ». Les raisons qui incitent à la méfiance ne manquent pas. La gestion chaotique des quatre années de tâtonnements, de pirouettes, de valses-hésitations, sont là pour dissuader le peuple de se rappeler des mauvais souvenirs. Et qu’il n’est pas du tout sûr que lorsqu’ « il réclamera celui qui doit diriger le pays au moment voulu », on pensera à lui. Rien qu’à la pensée de cette foule des déçus des sacrifices humains du 7 février 2009, il est inutile de promettre quoi que ce soit, pour offrir de nouveau sur un plateau d’argent, le sort de tout un peuple à un jeune homme que les manipulations perverses de la race des faiseurs de roi et les profiteurs de tout acabit, avaient transformé en un homme de paille, tout juste bon pour se comporter comme une marionnette. C’est de justesse et c’est un miracle que Madagascar n’a pas eu droit à un Gbagbo de l’Océan Indien. Dieu merci !