Remise de drapeaux aux généraux

02/02/2013

Le cérémonial qui s’est déroulé hier à Iavoloha était consacré en l’honneur des 31 généraux nouvellement promus et nommés au titre de l’année 2012. Issus des deux corps Armée et Gendarmerie, élevés aux grades de Général de Division, Général de Division Aérienne, Général de Brigade, Général de Brigade Aérienne et Contre-amiral, ces officiers de carrière ont reçu chacun de la main d’Andry Rajoelina un drapeau national. Ouvrant cette cérémonie purement militaire, le Général de Corps d’Armée, ministre des Forces armées, André Lucien Rakotoarimasy, en expliquant la valeur symbolique de la cérémonie, a fait allusion à la tradition militaire américaine qui attache une valeur symbolique particulière au rang des généraux qui sont pour eux des « flag officers ».

Dans son souhait de voir les nouveaux promus porter « haut le flambeau malgache tout en restant fidèle aux devises ». Il ne croit pas si bien dire en faisant allusion à l’apport « d’une bouffée d’oxygène aux forces armées malagasy », à une époque où celles-ci en a justement besoin pour acquérir la dignité d’être « une fierté pour la Nation ».
La mémoire populaire se souvient encore de la valeur passée de ce corps au lendemain de l’indépendance et la dégradation patente qu’elle a vécu lors de ces évènements politiques qui ont entraîné une lutte fratricide entre les militaires. L’histoire récente nous rappellera toujours le coup d’éclat du Général Andrianafidisoa et consorts au camp de la Bani Ivato, puis ces actes d’insubordination spectaculaire auxquels les téléspectateurs avaient assisté en direct, en 2009. Plus tard, il y avait encore l’attaque de Fort Duschenes. Récemment, la mutinerie avortée du RFI a de nouveau attiré les projecteurs de l’actualité sur les hommes en uniforme en général et sur les Chefs militaires en particulier. Quoi qu’on dise dans les communiqués officiels laconiques, la part de responsabilités des grands responsables reste indissociable à ces tristes soubresauts et ces fièvres dans les casernes. On dira tout ce qu’on voudra en haut lieu pour se disculper sur telle ou telle carence palpable des chefs militaires trop soumis à des intérêts civils politiques et partisans, pour les observateurs ils ne sont plus que hauts gradés à la mentalité de miliciens à la botte des intérêts particuliers et de l’argent facile. Et c’est là que le bât blesse, malgré toute la solennité attachée à ces cérémonies militaires de remise des étoiles et de drapeaux, il y a toujours cette frustration de ceux qui se sentent marginalisés à cause d’un favoritisme politique tactique au bénéfice de certains frères d’armes qu’on voit obtenir des promotions de faveur. Il n’est pas rare que les rancœurs influent d’une manière catastrophique dans les rangs et dans la manière de servir. Circonstance aggravante, l’attitude de ces chefs hiérarchiques qui font étalage d’un enrichissement sans cause aux yeux des subalternes qui croupissent dans des grades inférieurs, faute de pouvoir payer le prix d’un stage ou d’une présence valorisante dans les tableaux d’avancement. C’est là, l’envers du décor de ces spectaculaires occasions pour faire allégeance à un Chef Suprême des Armées… de fait. Il s’arroge d’un tel titre alors qu’il n’a même pas été légitimé par les urnes. La caution de la rue ne suffit pour les hautes charges.
Il n’est pas étonnant que l’amalgame devienne une seconde nature dans les relations des autorités informelles avec les militaires. Sinon comment imaginer un général de corps d’armé comme Ranto Rabarison du CMDN s’en prendre en public au général Camille Vital par presse interposée, au nom d’on ne sait quel mandat imaginaire, pour une affaire qui ne le concerne ni de près ni de loin. Par pur et simple querelle d’intérêt. Au nom de l’habituel « surtout pas celui-là » si cher à ceux qui ambitionne de devenir Calife à la place du Calife. C’est que la tradition se perd. Voilà ce qui arrive quand l’exemple vient d’en haut… Qui se rappelle encore de l’exemple si cher à l’inoubliable Dada Monja sur les boutons d’un pardessus ? « Quand ceux d’en-haut sont mal mis, automatiquement ceux d’en-bas vont de travers. L’armée de notre pays tout entier vit sous cette image pas très reluisante. Et il ne faut pas s’étonner lorsque, pour lancer des petites phrases assassines entre têtes politiques, le Chef d’une transition, toujours à la recherche d’une reconnaissance nationale et internationale se permet de défier ses pairs devant des militaires acquis à sa cause au point de crier haut et fort : « Si des responsables ne se sentent pas capables d’accomplir leur mission, il leur est préférable de démissionner pour ne pas tromper la population»… Parce qu’en guise de reconnaissance, selon un général nouvellement anobli : « Le domaine de la défense nationale ne se limite pas à la défendre la frontière mais s’étend également… aux choses politiques ». Aussi, il ne l’a pas dit en clair, mais on ne manquera pas d’y penser que le même général conclura : « C’est la contribution de tout un chacun qui garantit la réussite pérenne ». De quelle réussite au fait ?