Affrontement entre étudiants et Emmo-reg

31/10/2012

L’université d’Antananarivo a été, hier, la loge d’un vif affrontement entre les forces de l’ordre et les étudiants. 11 étudiants ont été arrêtés. La franchise universitaire a été violée par les forces de sécurité. Les étudiants de l’université d’Antananarivo ont tenu une grève, hier, pour réclamer leurs bourses d’études pour cette année universitaire 2012. Depuis le début de l’année universitaire, les étudiants n’ont jamais perçu leurs bourses d’études alors qu’on est actuellement dans le sixième mois du début des cours.

Selon les responsables auprès de l’université d’Antananarivo, le budget pour le paiement des bourses d’études et l’équipement des étudiants n’a jamais été transféré jusqu’à présent dans le compte de l’université, alors que les dossiers relatifs à ce paiement ont été déjà depuis belle lurette, transmis par l’université au ministère des Finances. Cette situation a créé la tension au niveau des étudiants qui ont choisi de tenir une grève pour se faire entendre dans leur revendication. Mais l’Emmo-reg les a attendus du pied ferme pour mater leur manifestation qui serait, selon les responsables des forces de l’ordre, susceptible de perturber l’ordre public. Mais leur présence a aussitôt suscité un sentiment de méfiance et d’agressivité dans le rang des centaines d’étudiants grévistes. Les affrontements n’ont pu être évités et débouchent à l’arrestation de 11 étudiants. Le bras de fer s’est traduit par la suite à la violation de la franchise universitaire.
Les éléments de l’Etat-major mixte opérationnel régional (Emmo-reg), composé de militaires, de gendarmes ainsi que de policiers, ont bien démontré combien ils sont capables pour mater des manifestations publiques. Seulement, il leur a fallu sauter toute une hiérarchie et de fouler aux pieds les législations en vigueur pour montrer leur excès de zèle. Hier, à Ankatso, ils sont au rendez-vous d’un événement qui a plus marqué les annales de l’université d’Antananarivo. Pendant une opération de maintien de l’ordre, les éléments de l’Emmo-reg ont fait irruption dans le campus universitaire, vers 11h 30mn, sans avoir reçu l’autorisation officielle des autorités universitaires pour franchir le seuil du campus. Une chose qui ne se fait pas sous d’autres cieux. En fait, la franchise universitaire a été maintenue jusqu’au bout de la tension mais les militaires ont passé outre la procédure et ont décidé de pénétrer dans le campus avec armes et munitions, comme à leur accoutumée, comme pour traquer des malfrats. La tension a monté d’un cran. Des dizaines de jets de grenades lacrymogènes ont investi presque tout le campus universitaire. Les étudiants ont du se replier dans les salles et les moindres refuges de l’université. Et les militaires, munis de Kalachnikovs pavanent insolemment dans le campus et cernent presque tous les recoins pour traquer les grévistes.
Conscient de la gravité de la violation flagrante de la franchise universitaire, et le manquement des forces de l’ordre, le président de l’université Abel Andriantsiamahavandy intervient avec ardeur auprès de l’Emmo-reg pour réclamer leur retrait du campus afin de rabaisser la tension qui campe à l’université, hier. Le président de l’université a, en effet, joint au téléphone le colonel Andry Razafindrazaka, chef de l’Emmo-reg, pour recommander à ce dernier de faire quitter au plus vite ses éléments de l’université. Une brève altercation a été même observée par la presse au moment des faits. Après le coup de téléphone avec le colonel Andry Razafindrazaka, le président de l’université a aussi essayé de joindre au téléphone le secrétaire général de la Présidence, Haja Resampa, mais celui-ci n’a pas décroché son téléphone. Pour le professeur Abel Andriantsiamahavandy, « l’université d’Antananarivo a été assaillie, ni plus ni moins, par l’Emmo-reg ». Après l’intervention du président de l’université, un bref repli des éléments de l’Emmo-reg a été observé. Mais vers 13h, plusieurs militaires sont revenus dans le campus avec des armes pour s’installer près du bureau de l’association des Etudiants en Droit de la faculté DEGS.