Cohabitation impossible

06/11/2012

Le torchon brûle entre Ambohitsorohitra et Mahazoarivo. La cohabitation entre le Premier ministre « de consensus », proposé par la mouvance Albert Zafy, et le président de la Transition est actuellement de plus en plus difficile, voire impossible. Si un semblant de collaboration est maintenu, c’est grâce uniquement à l’hypocrisie. Andry Rajoelina aurait souhaité se débarrasser depuis bien longtemps de ce Premier ministre trop encombrant qui l’empêche d’avancer comme il l’aurait souhaité. Mais le jeune putschiste est toujours conscient que le remplacement d’Omer Beriziky équivaut à

la mise à mort de la Feuille de route de sortie de crise qui lui a consacré le titre de président de la Transition.Il se rappelle également que son unilatéralisme en fin 2009, quand il a décidé de quitter le processus de Maputo et d’Addis-Abeba, ne l’a pas aidé, loin de là, à conduire le pays vers une véritable sortie de crise. Andry Rajoelina est ainsi contraint, du moins pour le moment, de collaborer avec Omer Beriziky. On ne sait pas jusqu’à quand. Car les fréquents désaccords entre les deux hommes sont connus de tous. Quand des décisions prises à Ambohitsorohitra sans le consentement du Premier ministre sont étalées au grand jour et que le chef du gouvernement en est informé au même moment que le commun des mortels, la situation est grave. On peut dire qu’elle devient pire, quand le Premier ministre lance quelques piques à l’endroit du chef de la Transition qui commence à avoir beaucoup de mal à se défaire de son habit de futur candidat à la prochaine élection présidentielle. Omer Beriziky s’est en effet prononcé pour le « ni…ni ». C'est-à-dire qu’il demande à Rajoelina de ne pas se porter candidat alors que celui-ci est en précampagne depuis plusieurs mois. Un véritable affront. En tous cas, on attend la réaction du président de la Transition après les récents propos d’Omer Beriziky. La fin est sans doute proche. La collaboration commence vraiment à devenir un calvaire, que ce soit pour le Premier ministre ou pour le président de la Transition. L’hypocrisie n’est pas indéfiniment efficace pour cacher les rancœurs. Et l’intelligence humaine a des limites. Trop de décisions importantes ont été prises à l’insu du chef du gouvernement, et c’est tout à fait normal si Omer Beriziky commence à s’insurger. A Ambohitsorohitra, on montre du doigt le Premier ministre rebelle. On parle d’une « insubordination » scandaleuse. Mais beaucoup ont déjà eu le temps d’oublier que le Premier ministre, dès sa nomination, a tenu à spécifier que son véritable chef, c’est la Feuille de route. Pas Andry Rajoelina.