Mamy Ravatomanga traîne le « prince » Zakariasy en justice

10/11/2012

Le Tangalamena Patrick Zakariasy sera traduit en justice sous l’instigation de Mamy Ravatomanga, un richissime opérateur économique proche d’Andry Rajoelina. La liberté de presse est bafouée dans l’affaire. Patrick Zakariasy, un notable de la région Atsinanana, est une personne non grata pour Mamy Ravatomanga, et par extension par le régime. Ce notable qui a fait preuve de sa bravoure, a dénoncé publiquement les dessous des trafics de bois de rose.Il devrait dorénavant affronter l’acharnement du controversé opérateur économique

Mamy Ravatomanga. En fait, ce dernier va traduire en justice le notable après avoir entendu son nom cité dans le grand déballage de Patrick Zakariasy, en octobre dernier, concernant le réseau de trafic illicite de bois de rose. Un rebondissement qu’on avait pourtant attendu. En effet, l’enquête préliminaire a commencé après la plainte de Mamy Ravatomanga et le déferrement au parquet de Patrick Zakariasy est prévu lundi prochain au palais de Justice Anosy. Hier, le notable a été enquêté durant 5 heures d’affilée auprès de la brigade de la gendarmerie de Betongolo.
Mais si l’affaire a provoqué l’ire de certains observateurs, comme Miandrisoa Marcel, qui a été venu personnellement hier à Betongolo pour manifester son soutien au Tangalamena Patrick Zakariasy, elle a aussi permis à Mamy Ravatomanga de s’en prendre déraisonnablement à la presse, notamment les quotidiens, La Nation, Midi Madagasikara et Gazetiko. Cette attitude justifie combien ce hautain homme d’affaire, qui se prend pour un seigneur, est un véritable ennemi de la liberté d’expression dans le pays, lui pourtant, un patron de presse. Mais ce qui est effarant dans cette affaire, c’est de voir le ministre de la Communication, Harry Laurent Rahajason, alias Rolly Mercia, brillé dans son mutisme. Pourtant, ce dernier avait eu la prétention, lorsqu’il exerçait encore le métier de journaliste, d’être un impérissable défenseur de la liberté d’expression et pire ennemi du diktat dans la presse. Le temps est complètement révolu pour Rolly Mercia (son nom de plume) de veiller à la noblesse du métier de journaliste. La liberté est devenue un vain mot aux bouts des lèvres de l’actuel ministre de la Communication comme s’il fait preuve de sa véritable personnalité : opportuniste ! Son mutisme se traduit comme un soutien à Mamy Ravatomanga, qui est d’ailleurs son patron, et une insulte à la liberté de presse. Certaines langues qui se délient et insinuent la présence de la main de Harry Laurent Rahajason derrière cette persécution de ces quotidiens.
Si Mamy Ravatomanga tente ainsi d’intimider Patrick Zakariasy en recourant à la justice, ce dernier refuse de tourner casaque sur ses propos. Durant son enquête à Betongolo, l’on a appris d’une source au courant du dossier, que Patrick Zakariasy confirme, persiste et signe sur les propos qu’il a tenus pendant la conférence de presse au Colbert sur la base des documents qui lui ont été transmis, faisant office de preuve sur l’inculpation de la société de Mamy Ravatomanga dans le trafic de bois de rose. Patrick Zakariasy tient tête à Mamy Ravatomanga qui, apparemment bénéficie le soutien indéfectible du président de la Transition Andry Rajoelina.
Alors que Patrick Zakariasy affronte actuellement la persécution de Mamy Ravatomanga, 1406 autres personnes veulent aussi poursuivre cet homme d’affaire pour « dilapidation des ressources naturelles » malgaches. Ces personnes ont manifesté leur soutien à la plainte collective instiguée par Patrick Zakariasy. En effet, 1337 signatures ont été collectées tandis que 69 autres ont été recueillies en ligne. Ces milliers de personnes demandent ainsi la mise en examen de Mamy Ravatomanga et son groupe SODIAT, la société minière Mainland Mining, la société d’acconage philippine MICTSL ainsi que la compagnie de navigation MOL et les autres entités étatiques impliquées dans cette affaire de « dilapidation des ressources naturelles ».
Mais l’affaire a aussi vu la préoccupation des instances internationales. L’agence d’investigation environnementale, dirigé par Alexander Von Bismarck, a adressée, hier, une lettre ouverte à la brigade de la gendarmerie de Betongolo, pour solliciter le soutien de cette institution à toutes personnes qui ont osé apporter des éclaircissements sur le trafic illicite de bois de rose et bois précieux.