Un pied de nez à la pauvreté des gens

23/11/2012

Le palais de la culture Antsonjombe est sur le point d’être achevé. Pourtant, le projet suscite de l’indignation en ce temps de crise où les priorités des investissements devraient être orientées vers des soutiens sociaux. C’était un projet phare d’Andry Rajoelina lorsqu’il était encore à la mairie. Mais il n’a pas pu le réaliser que lorsqu’il a été propulsé illégalement à la tête de l’Etat à l’issue d’un coup d’Etat. Il s’agit de la construction d’un palais de la culture à Antsonjombe. Actuellement, le palais est sur le point d’être achevé.

L’Etat malgache a déboursé des milliards d’Ariary (dont on ne sait pas encore jusqu’à présent d’où ils proviennent) pour construire ce palais gigantesque. Le démarrage de tous les travaux a débuté au début de la crise. Le déblocage du financement de ce projet a commencé, donc au moment où le pays a souffert du gel des financements extérieurs. Le régime a trouvé opportun de réaliser un tel projet pour faire face au désastre social qui mine le pays depuis la crise. « Ce ne devrait être, en aucun cas, la priorité de la transition », soutient Jean-Louis Rakotoamboa, président national du parti TEZA, et non moins membre du conseil supérieur de la Transition. « Le pays avait besoin de projets de soutiens sociaux, sur le plan sanitaire, éducatif et alimentaire depuis le début de la crise », rajoute-t-il.
« La construction de ce nouveau palais n’a pas de sens dans une situation de crise politique », affirme Masimana Manantsoa, ancien ministre de l’iIntérieur. « C’est une invention du camp Rajoelina pour se faire tirer des profits autrement de l’argent public », rajoute-t-il. Le projet brille par son manque flagrant de transparence. Le montant total de la construction, l’origine du financement, l’octroi des marchés publics, n’ont jamais fait aucunement l’objet d’une communication publique. Le régime joue le népotisme, le favoritisme dans la gestion de ce projet de construction de ce lieu culturel. Une société de Mamy Ravatomanga, un proche d’Andry Rajoelina, a curieusement eu un marché dans ce projet sans aucune forme de procès, semble-t-il. De ce fait, le régime fait toujours la sourde oreille si les observateurs veulent la transparence là-dessus. « D’où qu’elle provient, occulte ou du ministère de l’Aménagement, la source du financement devrait faire objet d’une publication, compte-tenu du fait qu’il s’agit d’un projet public », réclame Jean-Louis Rakotoamboa.
Décidemment, le projet a une finalité électorale. « C’est de la surenchère électorale », rétorque Masimana Manantsoa, en admettant qu’Andry Rajoelina se présentera aux prochaines présidentielles. « Andry Rajoelina utilise les prérogatives de puissance publique dans la réalisation de ce projet ». En tout cas, Andry Rajoelina veut inaugurer ce palais d’ici quelque temps, avant l’ouverture de la campagne électorale. A ce point, « il s’agit d’une propagande avant la lettre », souligne Masimana Manantsoa, membre de la commission électorale.