Tir croisé aux forces de l’ordre

26/11/2012

Dans l’état actuel des choses, seuls les politiciens opportunistes et les chefs militaires, soutiennent que tout marche à merveille dans le pays. Même le FFKM (conseil œcuménique des églises chrétiennes) soutient que le niveau d’alerte est au rouge. Le FFKM, l’entité la plus influente du pays, n’épouse pas l’état des lieux de la sécurité, soutenu par les chefs militaires malgaches. A l’issue d’un conclave de trois jours dans la capitale, le FFKM soutient que l’insécurité est à son comble dans le pays.

La culture de l’impunité et les dérives aussi. Mais le FFKM a aussi affirmé qu’il y a une défaillance au niveau de la sécurisation des personnes et ses biens. Sans l’avoir cité nommément dans la déclaration lue, publiquement, pendant la messe d’hier à Antanimena, l’on a tout de suite compris que le message est adressé, particulièrement, aux responsables de la sécurité dans le pays, notamment les chefs militaires. Elle laisse entendre que les forces de sécurité échouent à leur mission principale. Une pique est lancée à ces dernières. Vis-à-vis des chefs d’Eglise, les militaires perdent des ailes et essuient les critiques. Un constat pareille démontre combien la situation est à la limite du supportable pour qu’elle pousse les religieux à rompre avec leur silence légendaire, à propos des questions politiques.
Actuellement donc, seuls les chefs militaires et les partisans d’Andry Rajoelina sont convaincus que le peuple dort sur ses deux oreilles et mange à sa faim. Après le constat partagé par des autres membres de la société civile et les politiciens de l’opposition, ainsi que les organisations internationales, que le régime conjecture comme des fanfarons, le FFKM adhère à cette légion de ceux qui admettent que le pays est au bord du gouffre. On attend alors si les partisans du régime osent encore accuser, cette fois-ci, l’Eglise de trompeur. Car, non seulement, cette dernière est réputée par sa qualité morale, mais aussi, elle est plus informée que d’autres entités, par le biais de ses branchements au fond de la brousse. Les chefs militaires, eux, s’obstinent que le pays est épargné de tout mauvais sort. A leurs yeux, tout laisse entendre que le paradis terrestre est au rendez-vous des Malgaches et le peuple ne manque de rien. C’est la raison pour laquelle, ces derniers s’acharnent à tous ceux qui disent du mal à cette Transition. Et qu’il fallait alors s’attendre à ce que les chefs d’Eglise reçoivent aussi leur coup de massue de la part des militaires, comme ce qu’avait fait le lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina, au pasteur Lala Rasendrahasina en 2009.
Les tirs, quoique croisés, de l’Eglise, vont-t-il alors faire fléchir la cible de sa position actuelle ? Rien n’indique que l’Eglise réussira son coup. Elle ne fait que constater les dégâts et pleure de ses adeptes qui subissent les retombées des malédictions du régime. A défaut d’une action concrète de sa part, l’Eglise risque de prêcher dans le désert. Vivement la médiation !