La Cenit, la communauté internationale et le gouvernement se discréditent

16/10/2012

Andry Rajoelina est déjà en campagne électorale. C’est un secret de Polichinelle. Il multiplie ses déplacements en province pour entrer en contact avec les électeurs potentiels. Après Ampefy, il s’est rendu dans la région de Vakinankaratra, dans la localité d’Ihazolava, le week-end dernier. Jusqu’à preuve du contraire, l’actuel président de la Transition est candidat à l’élection présidentielle de 2013. Ce qui est étonnant, c’est que la Commission Nationale Electorale Indépendante de la Transition ne réagit pas, face à cette campagne électorale avant la lettre.

Depuis que les initiatives présidentielles, qui tendent à cibler plus particulièrement les électeurs des différentes régions de la Grande Ile, se multiplient, la CENIT n’a pipé mot. Elle laisse faire. De son côté, le gouvernement d’Omer Beriziky, préfère lui aussi, constaté le dérapage et joue avec son silence complice. Quant à la communauté internationale, le maître d’œuvre de la feuille de route, si l’on s’attendait à un rappel à l’ordre de sa part, elle choisit plutôt de garder les bras croisés et rester bouche cousue.
Dans ces conditions, il est vain de croire qu’une élection neutre, transparente et crédible soit possible l’année prochaine. C’est carrément du domaine du rêve. A six mois de la date probable du premier tour de la présidentielle, le « candidat de l’Etat » n’en fait qu’à sa tête. Mais l’équipe de Béatrice Atallah ne réagit pas. Elle laisse passer le train à grande vitesse.
En vérité, ce manque de réaction, de la part de la CENIT, n’étonne pas vraiment. C’était prévisible. Cette Commission électorale a peu de chance d’être véritablement indépendante. La preuve, pour évoquer sa situation financière, c’est à la porte d’Ambohitsorohitra que les membres ont frappé. Le monde à l’envers. La Commission Electorale est en effet allée frappée, qu’elle le veuille ou non, à la porte d’un candidat à l’élection qu’elle va organiser. Et c’est ce candidat qui va décider de son sort financier. En tous cas, la CENIT a complètement perdu le peu de crédibilité qu’elle avait. Ce qui semble justifier certaines doléances sur la nécessité de renouveler complètement cette Commission électorale avant la tenue effective d’élections que l’on souhaite neutres, transparentes et crédibles à Madagascar.