Nous, l’Afrique et la France

22/10/2012

A l’autre bout de l’Afrique, François Hollande, lors de son passage à l’Assemblée Nationale du Sénégal, a prononcé un discours pour Nous, les Africains. Plus jamais, en tous cas, les Malgaches ne pourront dire qu’ils ne sont pas des Africains.

La crise politique a eu raison d’eux. Tous les maux du continent, surtout depuis 2009, sont présents chez nous. Ainsi, quand le président français s’adresse aux parlementaires sénégalais, tout en sachant que tout le continent l’entend, c’est comme s’il s’adressait aux Malgaches. « La lutte contre la corruption, les abus financiers et contre l’impunité́ est l’affaire de tous. Nous devons être intraitables face à ceux qui pourraient se croire autorisés à voler les deniers de leur propre pays ou face à ceux qui viennent chercher des contrats en ne négligeant aucun moyen de pression ou d’influence ». C’est sans nul doute le passage qui, indiscutablement, concerne le plus la Grande Ile. La corruption, en effet, est devenue une triste réalité qui tend à gagner de plus en plus de terrain dans le pays, alors que l’institution censée la combattre paraît moins bien efficace qu’avant. Des plaintes sont souvent laissées dans les tiroirs. Quelques coups de fil suffisent souvent pour bloquer une procédure. Les abus financiers font également partie du lot du quotidien des Malgaches. Les hommes de pouvoir continuent de s’enrichir au détriment de la majorité de la population. L’impunité, elle, nous guette depuis longtemps. L’indépendance de la Justice est un leurre. Tout le monde l’admet. L’identité des individus qui font l’objet d’une plainte importe plus que les faits commis. En tous cas, François Hollande avait frappé fort. Ce fut, en effet son premier voyage en terre africaine, en tant que président, et il a fait en sorte que son message soit entendu par tous. Ce qui est fait. Mais plus intéressant encore, quand il a affirmé que « le temps de la Françafrique est révolu. Il y a la France et il y a l’Afrique. Il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité ». Nous, avec nos frères Africains, voulons bien le croire sur parole. Mais il vaut mieux les actes que les paroles. Car Nicolas Sarkozy aussi l’a dit, avec l’acquiescement complice d’un certain Ali Bongo. En tous cas, sur parole, François Hollande affiche la ferme volonté de rompre avec le passé. Juste après le Sénégal, lors du Sommet de la Francophonie en RDC, il s’est montré également ferme. La crise malgache pourra constituer, quoi qu’il en soit, un excellent baromètre pour mesurer l’impact des propos de François Hollande.