Martyrisé

24/10/2012

On ne peut qu’être offusqué face à la situation qui prévaut dans le Sud de Madagascar. C’est comme si le Sud est appelé à être martyrisé depuis toujours. Le nombre des morts continue d’augmenter là-bas. C’est comme si cette partie de l’île est à la fois loin du cœur et loin des yeux. En 1971, les originaires du sud étaient déjà martyrisés. La répression a fait des milliers de morts. Les victimes innocentes étaient nombreuses, même si l’Etat a parlé à l’époque, et bien après les faits, d’un « acte de rébellion ». On se souvient aussi que le Kere, la grande famine, a régulièrement frappé cette partie de l’île.

Le Kere aussi a fait de nombreux morts dans les régions du Sud. Cette famine provoquée en partie par la sécheresse n’a jamais pu être maîtrisée au fil des décennies. L’aide internationale et les projets de développement de différente nature n’ont pas permis d’y mettre un terme. Les gouvernements successifs à Madagascar n’ont jamais pu maîtriser entièrement ce désastre humanitaire. Le Sud est toujours martyrisé. La désolation continue actuellement, avec le phénomène dahalo et avec les répressions sanglantes des militaires. Tous ces phénomènes contrastent avec l’image attrayante de la région. Sur les cartes postales et dans les faits, le Sud, avec ses paysages idylliques, a toujours fait rêver. Ce n’est pas pour rien, ainsi, si la route nationale 7 qui y conduit a été, pendant longtemps, l’axe préféré des professionnels du Tourisme à Madagascar. Le Sud fait rêver aussi les étrangers. Actuellement, on a oublié les belles cartes postales et l’accueil légendaire de la population locale. Tout ceci a cédé la place au sang qui coule. Il n’est pas inutile de rappeler également que le Sud s’est montré très patriotique quand les expéditions coloniales qui ont pris d’assaut les poches de résistance sur l’ensemble du territoire malgache vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les gens du sud ont combattu vaillamment les colons, avec les moyens dont ils disposaient. Leur courage a fait que certaines localités n’avaient jamais été accessibles à l’armée coloniale. La région ne mérite pas le triste sort qu’on lui réserve ainsi aujourd’hui. Le Sud mérite beaucoup plus de considération. Face au désastre actuel, pourtant, même les élites de la région semblent ne plus pouvoir réagir. Les réalités sur place sont criantes. Mais la mobilisation n’est pas à la hauteur du désastre. La population est abandonnée à elle-même. Elle tente, seule, de lutter contre l’injustice. La lutte contre les dahalo continue de faire des victimes collatérales, mais qui s’en soucient réellement ? Le Sud est toujours injustement martyrisé.