Pourrissement garanti

26/10/2012

Lentement mais sûrement, le pays va à la dérive. Dans tous les domaines, c’est pratiquement la dépravation. Madagascar est en train de se ruiner, sous le regard passif de ses acteurs politiques, de sa classe dirigeante et du monde entier. La situation dans le Sud du pays est une parfaite illustration du pourrissement de la situation. Les rapports sur la situation sont adressés à un cercle très restreint. Les informations sont verrouillées.

Et les forces de sécurité tiennent à ce que leur image ne soit pas trop souillée par le massacre qui est en train de se dérouler dans cette région du pays. Personne, ici, ne souhaite voir l’état du pays quand le summum du pourrissement sera atteint. Car, qu’on le veuille ou non, tôt ou tard, ce pourrissement de la situation atteindra son paroxysme, avant que le pays ne reprenne un nouveau cycle vers le progrès. Ce n’est toutefois pas inévitable. Il n’est pas du domaine de l’impossible d’arrêter en cours ce processus de pourrissement. Le pouvoir d’y mettre un terme est entre les mains des hommes qui dirigent le pays. On a toutefois l’impression qu’au lieu de stopper la descente aux enfers, l’équipe au pouvoir fait tout pour accélérer la dégringolade. L’option de la force était une grave erreur pour résoudre le problème du sud de Madagascar. Les rancœurs vont persister pendant longtemps. Les rafales de l’armée tuent beaucoup d’innocents, et les familles s’en souviendront pendant longtemps. La tragédie du sud n’est qu’un exemple parmi tant d’autres pour prouver l’état de pourrissement de notre pays actuellement. Il faut être auprès de ces gens qui subissent la pire des injustices pour pouvoir mesurer, de la manière la plus précise, la catastrophe que le pays connaît actuellement. Quand trop d’innocents perdent leur vie, et quand les populations locales commencent à se poser des questions sur l’utilité des actions initiées par l’Etat, il y a matière à réflexion. Les gens n’ont plus confiance en l’armée de la République, si on peut encore appeler cela ainsi. Au lieu de rassurer, elle fait peur cette armée qui tire sur les citoyens ordinaires. C’est le monde à l’envers. Quand des témoins racontent qu’un hélicoptère de l’armée passe, les commandos voient en bas un troupeau et tirent sur les hommes qui les gardent, en les prenant pour des dahalo, on a le frisson dans le dos. Ce sont pourtant des témoignages véridiques. La vie humaine n’a plus aucune valeur dans le Sud. Des citoyens sont tués, quelquefois pour un rien. C’est le dérèglement total. On tire sur tout ce qui bouge. Dans ce contexte, on peut se demander à quoi pouvait servir la signature d’un traité international sur l’abolition de la peine de mort ?