Cri de détresse

29/10/2012

Les rares personnalités originaires du sud de Madagascar crient au secours. Elles lancent un véritable SOS. Politiciens, artistes et notables adoptent le même langage. Du moins ceux qui ont eu le courage de dénoncer le scandale. Certains ont en effet préféré adopter le profil bas. D’autres ont choisi de se taire. Ils crient à l’injustice. Quelques uns ont pris le risque de dénoncer, face au massacre. Car, eux, au moins, disposent de quelques moyens de se faire entendre, étant loin des zones de conflit.

Il est clair que les gens sur place n’ont pas la possibilité de faire parvenir jusqu’à Antananarivo leur cri de détresse. Il fallait ainsi ces quelques « porte-parole » pour tirer sur la sonnette d’alarme. Au cours des derniers temps, tous sont unanimes. Ils parlent d’injustice et de victimes innocentes. On évoque régulièrement aussi des cas d’arrestation arbitraire. Tous sont pourtant convaincus que cette violence inouïe ne permettra pas de résoudre les problèmes d’insécurité dans la Sud du pays, actuellement meurtrie par la répression sanglante. Il y a sans doute d’autres moyens de rétablir l’ordre dans le Sud de Madagascar. Certains suggèrent actuellement un débat de fond sur les véritables origines du phénomène dahalo, tout en estimant qu’il faudra plutôt étudier de manière approfondie le problème au lieu d’essayer d’adopter des solutions à la va-vite, mais généralement inefficaces. Si la violence permet effectivement de mettre un terme au vol de bœufs, ce phénomène social aurait déjà disparu il y a bien longtemps, à la suite des très connues opérations « Tsy minday mody » ou « Tsy mitsitsy » durant lesquelles les autorités, comme actuellement, avaient accordé un « permis de tuer » à des militaires à la gâchette trop facile. Il faut admettre, cependant, que le phénomène dahalo n’est pas près d’être jugulé. On a l’impression que la violence ne fait maintenant qu’engendrer des rancunes. Les gens ne vont pas pardonner facilement les nombreux morts, sous les balles et sous les coups de roquettes tirées par les éléments des forces spéciales. Pour l’instant, ils ne peuvent rien dire, mais quand le moment sera venu, les langues vont sans doute se délier. Les priorités sont ailleurs, pour le moment, puisqu’il faut soigner les blessés, enterrer les morts ou, tout simplement, s’enfuir. Mais dès que la stabilité le permettra, les survivants de ce massacre vont sans aucun doute monter au créneau, afin de dénoncer cette injustice perpétrée par des hommes en armes qui croient détenir le monopole de la violence. Ils attendent juste l’occasion et le moment idéal.