Phase d’encaissement

09/11/2012

On a toujours dit que les Malgaches sont très patients. Et qu’ils sont capables d’endurer les coups durs de la vie, quelque soit les circonstances et les auteurs des coups bas qu’on leur fait subir. Les Malgaches ont une capacité exceptionnelle d’encaissement. C’est une réalité connue de tous. Il arrive alors que les profiteurs saisissent cette opportunité pour abuser autant que possible. Croire pourtant que les Malgaches accepteront indéfiniment de subir toutes les formes d’abus possible, c’est méconnaître le pays du Moramora. Il y a un temps pour tout. Les gens attendent tout simplement que la coupe soit pleine (« feno ny kapoaka »). Tout le monde attend la goutte d’eau qui va faire déborder le vase. C’est la phase d’encaissement.

On attend le moment fatidique. Un jour, on dira que le moment est venu, et on ne pourra plus rien faire. Il va falloir attendre que les gens vident leur colère. Et ce ne sera pas une bonne chose pour ceux qui sont à l’origine de ce scandale. Depuis trois ans, c’est un crime envers la nation et envers le peuple que les dirigeants de la Transition ont perpétrés. Détournement de denier public, abus de pouvoir, trafic d’influence, appauvrissement de la population, recrudescence de l’insécurité, crime contre l’humanité, violation des droits de l’homme, entrave à la liberté d’opinion et d’expression, intimidation à l’endroit des journalistes et trafic de bois de rose. Ce sont les faits qui ont marqué les trois années de gouvernance de la Haute Autorité de la Transition. Les Malgaches connaissent la chanson. Partout où on va, les gens sont conscients de ces méfaits. Ils se contentent d’en parler. Ils ne réagissent pas. C’est la phase d’encaissement. Les dirigeants actuels doivent maintenant se méfier de l’eau qui dort. Dans les prochains mois, la situation pourraient en effet changer radicalement. Quand on constate qu’à différents niveaux, la grogne monte d’un cran, il faut commencer à s’inquiéter. A priori, il ne reste plus qu’une personne ou une entité pour lancer la nouvelle révolution. On ne sait de quelle couleur elle sera, cette fois-ci, mais ce qui est sûre est qu’elle couve déjà. Tôt ou tard, quelqu’un va, bon gré mal gré, jeter le feu aux poudres et ça va faire beaucoup de bruit, beaucoup de mal et beaucoup de dégât, malheureusement. Il fallait, et il faut, tout simplement, une gouvernance responsable pour éviter ce désastre à venir. Si le pays était mieux gérer, il n’y avait aucun risque de grogne. Mais c’est loin d’être le cas, depuis trois ans.