Au pied du mur

21/12/2012

Que décidera Andry Rajoelina ? Plus que jamais, il se trouve dans un véritable cul-de-sac. « Handroso ho faty renibe, hihemotra ho faty raibe ». L’expression est tout à fait valable pour lui. La France le renvoie, gentiment, à la position de la SADC. C'est-à-dire que ni lui ni son adversaire ne se présente à la prochaine présidentielle, mais que son rival rentre au pays, après quatre ans d’exil.

Le véritable souhait de Rajoelina, évidemment, c’est de se présenter aux élections, et de remporter la victoire, sans Marc Ravalomanana. Mais tout ça reste au stade du désir. Le président de la HAT est en train de se casser la tête. Seule issue pour lui : tenter de renégocier avec les Africains pour que ceux-ci empêchent le retour de Marc Ravalomanana. Il devra se mettre à genoux devant ces Africains qu’il a snobés depuis longtemps. Une autre possibilité pour le jeune putschiste : négocier avec Ravalomanana lui-même, mais cela lui est impossible. Andry Rajoelina se trouve dans une mauvaise posture. Mais il l’a cherché. En perpétrant le coup d’Etat de 2009, il aurait pu déjà savoir qu’il était en train d’engager le pays entier dans une impasse. A un moment où le monde entier voit d’un mauvais œil les prises de pouvoir par la force, Andry Rajoelina s’est embourbé dans un pronunciamiento. « Je ne serai pas plus nul que Monsieur Ravalomanana » a-t-il affirmé dans une interview télévisée juste après avoir pris le pouvoir. Ses propos l’ont rattrapé quatre ans après. L’ombre de Marc Ravalomanana plane toujours sur le pays. Andry Rajoelina n’était jamais parvenu à effacer les traces de son prédécesseur. Au contraire. C’est un retour en force que l’on craint actuellement. Un véritable cauchemar pour les tenants du régime de Transition. Andry Rajoelina et ses collaborateurs sont prêts à tout, pour empêcher le retour au pays de l’ancien président. Tous les moyens sont déployés. Mais on peut bien se demander que peut faire un président qui a pris le pouvoir par la force quand il perd son principal allié international ? La France ne souhaite plus avoir à s’occuper de la crise malgache. Andry Rajoelina l’a plutôt déçu, et elle est en quête d’un nouveau pion. Dans ce contexte, on peut bien se demander comment Rajoelina pourra résoudre ce nœud gordien. Il pourra ainsi aller seul aux élections mais la reconnaissance internationale sera renvoyée aux calendes grecques, et le pays ne pourra pas envisager une véritable sortie de crise. Où va-t-il encore conduire le pays, dans ce cas ? Assez de pilotage à vue.