Gueule de bois

27/12/2012

On parle beaucoup de trêve ces derniers jours. Ceux qui ont intérêt au statu quo, ont, en tout cas, préféré évoquer la question. Histoire de passer au moins les fêtes de fin d’année paisiblement. Mais il faut bien admettre que des problèmes restent sans solution dans le pays. Et que tôt ou tard, après les fêtes il va falloir y faire face de nouveau. C’est toujours curieux d’ailleurs, d’entendre parler de rumeurs de coup d’Etat en période de fête. Mais cela arrive pourtant assez fréquemment.

En 2009, la tentative de mobilisation de militaires au Régiment d’Appui et de Soutien a fait tilt. C’était un mois de décembre, à la veille des fêtes. Cette année, trois généraux seraient dans le collimateur de la gendarmerie. On peut les interpeller, et peut-être les mettre en prison comme certains de leurs frères d’armes. Mais à bien y réfléchir, cela ne résoudra pas le fond du problème. Pourquoi ce régime doit-il faire face à chaque fois à une tentative de coup d’Etat ? Il y a vraiment anguille sous roche. C’est tout simplement parce que le problème de la crise reste entier mais que les dirigeants font semblant de l’ignorer. Le coup d’Etat de 2009 n’était pas la meilleure idée pour faire progresser le pays. Ce coup d’Etat n’a pas encore été cicatrisé. La plaie reste ouverte. Les principaux concernés se regardent toujours en chien de faïence. Le conflit peut ressurgir ainsi à tout moment. D’où les nombreuses tentatives de renversement du régime, qui sont certes mal préparées à chaque fois mais dont la récurrence interpelle tous les citoyens. Les tentatives de mutinerie étaient multiples. Il y a eu le RAS en 2009, la FIGN en mai 2010, la BANI en novembre 2010, le CAPSAT en 2011 et le RFI en juillet 2012. C’est vraiment la pagaille. Pourquoi autant de tentatives en si peu de temps ? Le régime Rajoelina ne se rend-il pas compte de cette fréquence ? Pourquoi d’autres militaires, à part les chefs de commandement, rencontrent une délégation militaire de la SADC dans le cadre d’une mission d’évaluation ? Au sein de l’armée, comme au niveau de la population civile, plus rien ne va, mais les autorités veulent ignorer cette réalité. Après les fêtes, ce sera la gueule de bois. Il va falloir se pencher, une nouvelle fois, sur les problèmes non résolus. Comme depuis quatre ans, on va de nouveau entendre parler de mouvement de rue, de mécontentement au sein de la grande muette, de retour au pays de l’ancien président etc. Ainsi va la vie, dans un pays malade, en période de crise. Interminable.