Accusateur accusé

05/01/2013

Quand on est sur un piédestal jugé stable, on se croit, bien implanté et capable de beaucoup de chose. Le pouvoir change, et peut rendre fou. A tel point que celui qui se voulait être le plus grand défenseur de la liberté, une fois au pouvoir, devient son plus grand persécuteur. Ainsi va la vie. Ainsi va la politique. Les amis d’hier ne se reconnaissent plus. Mais, souvent, c’est devenu une mise en application erronée du « ny Fanjakàna tsy ananako havana ».

Andry Rajoelina a eu la manie de persécuter ses anciens alliés depuis 2009. Des militaires, des journalistes et des politiciens en sont concernés. Ses collaborateurs aussi ont pris cette mauvaise habitude. Autrefois, Rolly Mercia, Lalatiana Rakotondrazafy et Fidèle Razara Pierre étaient des proches amis et des francs collaborateurs, mais dorénavant, ils se regardent en chiens de faïence. Le pouvoir change. C’est le ministre de la Communication qui est actuellement en train de manœuvrer pour décapiter définitivement la radio Free FM, la station que ses deux anciens amis souhaitent relancer. Tous les moyens sont bons. Tous les coups sont permis. La Justice est de nouveau instrumentalisée. Elle condamne. Et le régime accuse. Sans ménagement. Les dirigeants répriment à tour de bras. La liberté de presse connaît une nouvelle véritable persécution. Mais ces hommes bien assis, bien en place, du haut de leur piédestal n’ont jamais pensé un instant qu’une fois la vapeur renversée, ce sera au tour des accusateurs d’être accusés. Car le cycle de la violence monopolisée depuis quatre ans, n’engendre qu’une nouvelle violence, sous différentes formes. Ils ont oublié qu’ils ne sont pas blancs comme neige. Et qu’il suffit d’un rien pour que la Justice des hommes, avant celle de Dieu, se retourne contre eux. Ils ont condamné des militaires, des journalistes et des politiciens. La Justice des vainqueurs est devenue leur principal atout. Sans cette Justice vengeresse, leur pouvoir n’aurait plus aucun sens. Mais cette Justice se retournera contre eux, un jour. Car l’Histoire n’est, malheureusement, qu’un éternel recommencement. Pour éviter que le cycle infernal de la vengeance ne se répète, il suffit d’arrêter de faire tourner la roue. Apaisement, c’est le mot clé que les hommes qui nous gouvernent veulent ignorer sciemment. C’est pourtant l’unique moyen pour eux de mettre un terme à ce cycle de la violence qui risque bientôt de se retourner contre eux. Ils ont oublié, ou feignent d’ignorer, qu’un régime qui ne jure que par la force,finit toujours par tomber. Et, généralement, de manière catastrophique.