La big Fiesta

09/01/2013

On ne parlera pas de politique à Iavoloha aujourd’hui. Il n’y a pas de place pour ceux qui désirent évoquer la situation actuelle du pays. Pas question de dire que le pays se trouve dans l’impasse. Et que la crise est loin d’être réglée. Pas question de mettre sur le dos du régime actuel toutes ces difficultés que le pays connaît. Pour la première fois, la présidence malgache tenait à apporter une précision sur ce que doit être la teneur des propos à tenir lors de la cérémonie de présentation des vœux. Du jamais vu.

De la censure déguisée, en réalité. Il n’est même pas sûr que tous les chefs d’Institution soient autorisés à prendre la parole, puisqu’on ne peut pas obliger les gens de dire ce que l’on veut entendre. Et cela risque par la suite d’être très gênant pour le couple présidentiel, si un Mamy Rakotoarivelo s’amuse de nouveau à évoquer le retour au pays de l’exilé d’Afrique du Sud. Une cérémonie à Iavoloha, c’est pourtant l’occasion d’évoquer la situation politique du pays. On en a grandement besoin. Il faut débattre de cette situation qui ne cesse d’empirer, que ce soit au niveau politique ou sur le plan économique. C’est une occasion d’échange de point de vue, car normalement des gens qui ne partagent pas nécessairement les mêmes opinions seront côte à côte ou face à face. Mais le grand boss en a décidé autrement. Si on ne parlera pas de politique, le rendez-vous d’Iavoloha deviendra une simple rencontre insipide. Certes, Andry Rajoelina, comme annoncé, va avoir l’occasion de présenter son bilan, ses réalisations. Mais est-ce vraiment ce que les gens attendent de lui ? Il a déjà fait la même chose, le 31 décembre avant de prendre l’avion à Ivato. Malgré tout, la rencontre d’Iavoloha ne manquera pas d’intérêt, notamment pour un professionnel de l’organisation d’événements festifs. Pourquoi pas un remake des Live des années 90 si on ne va pas parler de politique ? La big Fiesta comme auparavant. Avec un DJ talentueux aux platines, et des filles qui déhanchent sur la scène. Quel intérêt en effet, si on se contentera de boire et de manger. Egrener un bilan et ressasser les « réalisations » n’intéresse pas la majorité des Malgaches. La réalité est en effet bien loin de ce que le chef de la Transition annonce généralement avec fierté. Qu’y a-t-il de mal à évoquer la situation politique du pays ? Mais il faudra attendre un autre moment pour ceux qui désirent le faire.