De plus en plus de victimes innocentes

15/01/2013

Les acteurs de la crise politique malgache et les médiateurs continuent de tergiverser. Ils sont en train de jouer à un jeu très dangereux. Peut-être pas pour eux directement mais en tout cas, c’est un jeu très dangereux pour les millions de victimes de la crise. Ces millions de victimes sont les grands oubliés du système actuel.

Les petits entrepreneurs et les petits employés qui ont emprunté de l’argent à la banque, juste avant le début du conflit politique, se trouvent actuellement dans le pétrin. Certains se sont suicidés, d’autres sont à la rue, tandis qu’une frange, celle qui a eu le plus de chance, continuent à rembourser actuellement malgré la perte de revenu. Un taux de pauvreté passé de 68% à 84% actuellement, c’est l’équivalent de plus de 6 millions de nouveaux pauvres, dans le pays. Quand-est ce que l’on va penser sérieusement à toutes ces victimes de la crise ? Pourtant, elles représentent actuellement au moins le quart de la population malgache. Mais si l’on se penche encore, de manière plus poussée, sur les conséquences de la crise en milieu rural, il est quasi certain que le trois quart de la population malgache subissent, d’une façon ou d’une autre, les aléas de la crise politique, qui a engendré au fil du temps une crise socio-économique sans précédent dans le pays. La plupart de ces victimes de la crise, n’ont pourtant rien, strictement rien, à voir avec ce conflit politique stérile. Les médiateurs, nationaux comme internationaux, laissent cependant pourrir la situation. Ils estiment que plus la situation s’enlise, plus il sera aisé de convaincre les protagonistes. Mais ce n’est pourtant pas toujours aussi évident. Les acteurs de la crise, eux, n’ont rien à perdre. Au contraire. Ceux qui ont pris le pouvoir après le coup d’Etat de 2009, continuent de s’enrichir, quatre ans après leur sale coup. Ils ont les joues bien enflées, certains ont des comptes et des logements à l’étranger, ils roulent dans des voitures rutilantes, achètent des vastes terrains, et construisent quelquefois des immeubles impressionnants. Ils accumulent tous les signes extérieurs de richesses, en oubliant que « biens mal acquis ne profitent jamais ». En face, les autres ont du mal à payer les loyers et la facture de la Jirama. Certains ont arrêté d’envoyer les enfants à l’école. Car les dépenses ont augmenté alors que le revenu a diminué. Les victimes innocentes de la crise sont de plus en plus nombreuses. Les acteurs de la crise et les médiateurs devront, un jour, penser à elles. Et le plus tôt sera le mieux.