Dégringolade

16/01/2013

Le régime Rajoelina est en train de tuer, lentement mais sûrement, une frange importante de la population malgache. Outre ceux qui ont été tués par les armes, ou dans les émeutes, il y en aura de plus en plus ceux qui seront tués par la faim, la pauvreté et par le manque de soins médicaux. Les hôpitaux nouvellement construits n’y changeront pas grand-chose, car, en pleine brousse, des centaines de Centre de Santé de Base ont été fermés et des Malgaches ne peuvent plus se soigner. La majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Le taux de pauvreté qui était de 68%, selon la Banque Mondiale en 2008, est passé à 77% en 2010 pour dépasser maintenant les 80%. Une véritable dégringolade. Aucun président n’a fait autant de dégât dans le pays. Mais le président et ses amis ont toujours de quoi être fiers. On les entend souvent dire que les fonctionnaires sont toujours payés, quatre ans après la mise en place de la Transition. C’est comme si un président n’a de principale mission que payer les agents de l’Etat. Ils n’ont rien à dire sur l’état délabré de nos routes, de plus en plus mal entretenues. Ils n’ont rien à dire sur les enfants déscolarisés à cause de la crise. Ils n’ont rien à expliquer quand on leur fait savoir que depuis qu’ils sont au pouvoir des millions de Malgaches sont devenus pauvres malgré eux. Ils ne trouvent pas grand-chose à dire non plus face au phénomène d’insécurité qui fait de plus en plus de victimes. Tous ces problèmes sont le fruit de la Transition conduite par Andry Rajoelina. Ce sont les conséquences du coup d’Etat qu’il a perpétré en 2009, et qu’il n’a jamais su gérer par la suite. Le régime Ravalomanana n’était pas parfait. Loin de là. Mais partout ailleurs dans le monde, quand un auteur de coup d’Etat prend le pouvoir, l’on s’attend à ce qu’il fasse beaucoup mieux que celui qu’il venait de renverser. Les manifestants de la place du 13 mai s’attendaient à un véritable « changement » en mieux. Mais, quelques années plus tard, la réalité est une dégringolade « manara-penitra », des enfants de plus en plus nombreux dans les rues, une communauté internationale qui hausse le ton, une pauvreté qui gagne du terrain et un ancien président, renversé, qui a une capacité de nuisance encore intacte. Mais dans ce véritable capharnaüm, Andry Rajoelina et la Commission électorale nationale (in)dépendante parlent toujours de la possibilité d’organiser des élections crédibles dans quelques mois. Comme si de rien n’était.