Escroquerie intellectuelle

26/01/2013

La présidence de la Transition a publié un communiqué sur la lettre du Secrétaire d’Etat Adjoint en charge des Affaires Africaines, Johnnie Carson. Le communiqué rapporte une traduction en français de la lettre diplomatique, en prenant soin de tronquer certaines phrases gênantes pour le régime de Transition. Le service de la communication de la présidence a ainsi pris soin d’enlever la partie sur laquelle Johnnie Carson a évoqué la question de la mise en œuvre de toutes les dispositions de la Feuille de route, notamment le retour au pays de tous les exilés politiques.

Tronquer ce passage a été tout simplement une initiative maladroite. En effet, tout le monde est déjà au courant du contenu de la lettre. Car même les médias proches du régime de Transition l’ont publié. A travers ce communiqué, la présidence de la Transition a tout simplement démontré que la question du retour au pays de Marc Ravalomanana le tracasse continuellement. Et que si c’est encore possible, il vaut mieux ne jamais en parler. L’ancien président est resté la bête noire du régime. L’exilé d’Afrique du Sud est le cauchemar de tous ceux qui l’ont renversé en 2009. Beaucoup ont d’ailleurs remarqué que l’actuel président de la Transition évite, autant que possible, d’évoquer publiquement le nom de Marc Ravalomanana. C’est le même comportement qui a conduit le service de communication de la présidence, à Ambohitsorohitra, qui a sans aucun doute reçu une directive du maître des lieux, de publier ce communiqué étrange. Il fallait économiser l’énergie et l’encre. Ce genre d’initiative ne fait que ternir l’image de cette présidence déjà impopulaire. Le monde entier est déjà au courant que les Américains sont pour le retour « sans condition » des exilés. Ce n’était pas la peine de cacher la vérité, en tronquant la traduction de la lettre de Johnnie Carson. C’était tout simplement ridicule. Le régime de Transition est trop habitué à la censure déguisée sur les médias publics, à tel point qu’on se permet aussi, à la présidence, de tronquer les lettres dont tout le monde connaît le contenu. Pourquoi la présidence a-t-elle peur de la réalité ? Depuis quatre ans, Andry Rajoelina a tenté de chasser le naturel. Qu’on le veuille ou non, et tôt ou tard, les exilés politiques devront retourner au pays. Les ressortissants malgaches ont tous le droit naturel d’être sur la terre de leurs ancêtres. Lutter pour empêcher le retour de Marc Ravalomanana ne fait que reporter un problème auquel il faudra faire face un jour.