Impuissance ?

23/02/2013

Le régime de Transition tient à profiter de l’impuissance de la population à s’opposer vigoureusement à l’injustice actuelle dans le pays. Les opposants au pouvoir de facto sont nombreux, mais ils ne parviennent pas à se mobiliser.

C’est un véritable sentiment d’impuissance, face à l’oppression, qui s’installe. Les partisans de Marc Ravalomanana se cantonnent au Magro depuis plusieurs années. C’est une manifestation pacifique qui ne pourra pas ébranler les hommes d’Ambohitsorohitra qu’ils tiennent quotidiennement à Behoririka. Les autres entités de l’opposition se limitent à s’exprimer par voie de presse pour dénoncer le malaise dans le pays. Toutes les radios de l’opposition ont été fermées par le régime. La mobilisation n’est donc pas facile. A différents niveaux, toutefois, la grogne monte d’un cran. Le sentiment d’impuissance constatée actuellement est une aubaine pour les dirigeants de la Transition. Puisqu’ils savent que la population ne va pas manifester en masse à bref délai, ils profitent au maximum de la situation. C’est pourtant une grave erreur de croire que la situation sera ainsi de manière indéfinie. Cette impuissance n’est pas éternelle. Et il faut croire que plus cette inertie dure, plus le réveil risque d’être violent. Il faut se méfier de l’eau qui dort. Le mécontentement est quasi généralisé actuellement. L’insatisfaction est une réalité que l’on ne peut pas nier, compte tenu du bilan désastreux du régime. Mais les Malgaches étaient depuis toujours un peuple doté d’une patience exceptionnelle, et d’une capacité d’encaissement exemplaire. Ils attendent quelquefois des années avant de réagir fermement. Il ne faut surtout pas penser que tout est permis. La mauvaise gouvernance actuelle suscitera, tôt ou tard, l’indignation de la foule. Les Malgaches prennent toujours du temps avant de s’opposer à leurs dirigeants. Mais quand ils prennent la décision de mettre un terme à la gabegie, ils atteignent très vite le point de non retour. Durant les quatre années de crise, c’est uniquement la force qui a permis aux autorités de faire taire les opposants. Les médias d’opposition ont été fermés par la force. Les manifestations de rue ont été réprimées par les militaires pro-régime. Et cette approche a permis à la Haute Autorité de Transition de perdurer, sans véritable soutien populaire, au pouvoir suprême. Le recours à la force a été toujours efficace, jusqu’à présent, pour faire taire les adversaires du régime. Mais, en politique, la violence a ses limites. Surtout à Madagascar. La crise a déjà fait une centaine de morts dans les émeutes. Les Malgaches n’admettront pas indéfiniment cette situation d’oppression.