Charité Business

26/02/2013

Le Sud de Madagascar est de nouveau sinistré. Beaucoup de malheur s’abat sur cette partie de la Grande Ile depuis des décennies. La population a besoin d’aide. Cela va de soi. 13 décès, 47 blessés, 17092 sinistrés, 6153 sans abris, 220 cases détruites, 691 cases décoiffées, 1042 cases inondées, 69 bureaux administratifs décoiffés, 26 école endommagées, 5 Centres de Santé de Base endommagés, 1500 hectares de rizières inondées et 125 poteaux de la Jirama arrachés... Le bilan du Bureau National de gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC) est sans équivoque.

Les images sur la situation dans la ville de Toliara parlent d’elles-mêmes. Le sinistre est une réalité quotidienne. Il faut venir en aide à la population. Mais quand l’aide apportée devient plutôt intéressée, c’est dérangeant. Pourquoi faut-il spécifier dans les médias d’Etat que telle personnalité a été le premier dirigeant venu sur place ? Les aides commencent à affluer vers le Sud. Mais ceux qui apportent ces aides ne sont pas tous dépourvus d’arrière-pensée politique et électorale. Les aides apportées sont rarement gratuites. Beaucoup de gens y viennent dans le but d’avoir la sympathie de ces milliers de sinistrés que le cyclone Haruna avait laissés derrière lui. La situation n’est pas du tout rose, dans le Sud. La mobilisation de tous est nécessaire. Mais cette mobilisation ne devrait surtout pas avoir une visée politique et électorale. Car, au vu de la démarche actuelle de ceux qui viennent en aide au Sud de Madagascar, la tendance est plutôt la charité business. C'est-à-dire que l’on apporte de l’aide, dans le but de récolter, plus tard, d’une manière ou d’une autre, des bénéfices sous diverses formes. Haruna avait en plus le malheur de tomber sur le Sud du pays à quelques mois des élections présidentielles. Ce qui constitue une aubaine pour tous les candidats potentiels. Inutile de citer des noms, dans de pareille circonstance, étant donné que toutes les aides apportées seront d’une certaine utilité pour la population sinistrée. Mais c’est la manière de communiquer sur les événements qui dévoile le fond des pensées. Les intentions finales de tout un chacun sont toujours perceptibles dans la façon de rapporter les faits. Les gens honnêtes qui apportent de l’aide ont rarement besoin qu’on en crie sur tous les toits. Etre à la une des journaux télévisés ou des journaux en version papier n’a jamais été l’objectif de ceux qui ont la véritable charité dans leur cœur. Pour les autres c’est l’inverse.