Le Premier ministre désavoué

02/03/2013

Jean Omer Beriziky a donné des consignes pour la concrétisation du retour au pays de Lalao Ravalomanana. En tant que chef du gouvernement, c’est une responsabilité qui lui incombe, à partir du moment où le président de la Transition, Andry Rajoelina a autorisé, même sous condition, le retour au pays de l’ancienne première dame.

Le NOTAM de l’Aviation Civile de Madagascar a été sans doute une surprise pour le Premier ministre. On lui a coupé l’herbe sous les pieds. Un désaveu clair et net. Ce n’est pourtant pas la première fois que le Premier ministre est pris de court par des initiatives prises en haut lieu sans qu’il soit consulté. Omer Beriziky avait l’habitude de dire qu’il « n’était pas au courant ». Mais le fait est là. Beaucoup de décision sont prises par le régime de Transition à son insu. Cela démontre, une nouvelle fois, les difficultés de la cohabitation au sommet de l’Etat. Jean Omer Beriziky a dirigé le gouvernement de Transition sans pouvoir prendre les principales décisions au sein du régime transitoire. C’est une situation peu enviable, pour un Premier ministre de consensus. Dans le passé, les principaux pouvoirs de décision incombaient pourtant au chef du gouvernement en période de Transition. Pour sortir le pays de la crise, de 1991 à 1993, Guy Willy Razanamasy avait pratiquement les pleins pouvoirs. Les élections ont permis de sortir le pays de la cacophonie politique. Jean Omer Beriziky, en tant que Premier ministre « de consensus » imposé par la Feuille de route de sortie de crise, en septembre 2011, aurait pu jouer le même rôle. Mais la situation est bien différente. La vérité est que tout le pouvoir de décision est monopolisé par Ambohitsorohitra depuis le coup d’Etat de 2009. Le camp Ravalomanana était trop naïf pour croire en un véritable partage de pouvoir. La loi du plus fort et le principe du « malheur aux vaincus » ont été toujours la raison d’être de ce régime de Transition. Consciente de cette triste réalité, la mouvance Albert Zafy, qui a proposé le Premier ministre Omer Beriziky, préfère se taire tout simplement. Elle est complètement dépassée par les événements. Le Premier ministre de la Transition tente une résistance farouche. Mais l’équipe d’Ambohitsorohitra n’acceptera jamais qu’il parvienne à maîtriser complètement la situation. C’est ce genre de situation qui explique en tous cas le bras de fer constant entre la primature et la présidence. Et ce n’est pas près de finir.