Extradition ?

13/03/2013

La Feuille de route ne sert plus à rien. Il est sans doute temps de le réaliser. Ce document signé par onze entités politiques malgaches, en septembre 2011, n’a pas permis de sortir le pays de la crise. Et son contenu a été violé sans ménagement à plusieurs reprises. L’hypocrisie n’a que trop duré sur sa mise en œuvre.

Mais le pays continue de s’enfoncer dans le gouffre. Que ce soit sur le plan politique ou sur le plan socio-économique. Le cas du retour au pays de Lalao Ravalomanana illustre parfaitement la violation flagrante et l’inutilité de cette Feuille de route. Laquelle parle de retour « sans condition » de tous les exilés politiques, alors que la « visite » au pays de l’ancienne première dame est tout sauf « un retour sans condition ». Le régime HAT a imposé ses conditions. Et avec la complicité de la SADC, elles ont été toutes acceptées par la partie Ravalomanana qui n’avait plus le choix que de se soumettre à la dictature du régime putschiste, comme ça a été le cas depuis mars 2009. Les faits et gestes de Lalao Ravalomanana sont épiés par les agents de renseignement à la solde d’Ambohitsorohitra. Mais elle est obligée de jouer le jeu. Elle n’a plus le choix, compte tenu du rapport de force diplomatique et militaire sur le terrain. Le régime HAT est un régime qui ne jure que par la force. Et c’est cette même force qu’elle a déployée pour faire fléchir la famille Ravalomanana. En imposant de la sorte des conditions non conformes à la fameuse Feuille de route de sortie de crise, le régime Rajoelina s’est toutefois trompé complètement. Autoriser les partisans de l’ancien président à accueillir l’ancienne première dame à l’aéroport d’Ivato aurait pu constituer un test. Etant donné qu’Andry Rajoelina est persuadé que l’ancien président ne compte plus que quelques centaines de sympathisants, ce retour conditionné de Lalao Ravalomanana aurait pu se substituer à un sondage. Cela aurait pu permettre également au camp Rajoelina de mesurer sa capacité d’effacer l’influence politique de Marc Ravalomanana au cours des quatre dernières années. Le parti TGV et Andry Rajoelina ont en tous cas raté une occasion de mesurer son véritable poids politique. En raison de toutes les conditions imposées à ce retour, la « visite » de Lalao Ravalomanana s’apparente tout simplement à une extradition. Et son départ risque de ressembler à une expulsion d’une étrangère du territoire malgache.