Coup dur

18/03/2013

Une commémoration du coup d’Etat de 2009 s’est déroulée à Paris. Là-bas, au moins, avec une autorisation officielle, on peut organiser une manifestation au bord de la rue, sur la place publique. A condition de ne pas déranger les autres. Mais à Antananarivo, c’est devenu impossible depuis que le régime putschiste avait commencé à avoir peur d’être renversé par la rue.

Pendant un mois et demi pourtant, sous le régime précédent, Andry Rajoelina et ses partisans avaient occupé une portion de l’avenue de l’indépendance pour critiquer quotidiennement le régime Ravalomanana et pour demander le départ du président. Les manifestations tournent souvent au pillage et au drame mais on a laissé faire. Tout le monde se souvient encore du lundi noir du 26 janvier 2009. Des milliards d’Ariary d’investissements étaient partis en fumée. Une centaine de personne ont trouvé la mort. On connaît la suite, les manifestations sur la place du 13 mai se sont déroulées tous les jours. L’erreur du régime Ravalomanana a été de prendre la décision d’interdire manu militari l’accès de la place du 13 mai. La répression des forces de sécurité a été le meilleur prétexte pour les putschistes de déclencher une mutinerie contre les autorités militaires et civiles de l’époque. Le tout a été couronné par l’attaque du palais d’Ambohitsorohitra, le 16 mars, alors que Marc Ravalomanana était encore retranché à Iavoloha. Un blindé a enfoncé le portail du palais et les mutins avaient forcé la porte du bureau du président de l’époque. Il ne restait plus que les formalités pour concrétiser le coup d’Etat, le 17 mars. Il s’agissait d’une lutte de pouvoir entre deux hommes soutenus par des lobbies nationaux et internationaux différents. Le coup d’Etat a été réalisé et Andry Rajoelina a pris les rênes du pays le soir du 17 mars, à travers un transfert de pouvoir d’un directoire militaire mort-né. Certains ont naïvement espéré un véritable changement. Mais, aujourd’hui, ils s’en mordent les doigts. Le coup d’Etat a été un coup dur pour le pays. Andry Rajoelina a mis à mal la liberté d’expression et d’opinion. Contrairement à ses promesses quand il était à la tête d’un mouvement de contestation dans la rue de la capitale. Mais le pire est que des millions de Malgaches ont grossi le rang des pauvres. Le coup d’Etat de 2009 a détruit le tissu économique du pays. La révolution orange a été une révolution complètement ratée. Elle a juste permis d’enrichir les auteurs du coup d’Etat. Sans plus.