Les Rois et les Prophètes

22/04/2013

Qui aura le dernier mot à l’occasion de la conférence nationale bis concoctée actuellement par le FFKM ? Il s’agit en effet d’une conférence nationale qui ne dit pas son nom, étant donné que la prochaine rencontre qui se déroulera à Antananarivo vers la fin de ce mois ou au début du mois de mai, consistera à rassembler les divers avis qui auront été émis lors des consultations au niveau des 35 diocèses du FFKM. Dans tous les camps, on s’inquiète de cette nouvelle « conférence nationale » qui va sortir un « verdict » qui reste pour le moment du domaine des secrets des Dieux. Les Rois ont toujours eu besoin des conseils des prophètes. Et quelquefois, dans les temps anciens, quand les prophètes n’ont pas été entendus, les Rois devaient souvent affronter des rudes épreuves, voire des sanctions sévères.

Nous sommes au XXIe siècle mais, dans la Grande Ile, les « prophètes » ont été toujours très écoutés. C’est une tradition de se référer à chaque fois au FFKM quand le pays traverse des moments difficiles. Les chefs d’églises ont toujours joué un rôle essentiel dans les crises politiques dans la Grande Ile. Tout le monde le sait. Mais, de manière surprenante, ils ont échoué dans leur médiation en 2009. Aujourd’hui, les chefs d’églises ont décidé de reprendre en main la situation. Ce qui n’est pas facile. Car le début de la consultation des acteurs politiques coïncide avec la période du dépôt de dossier de candidature à l’élection présidentielle à la Cour Electorale Spéciale. Ce qui a fait que l’ambiance générale était plutôt déjà axée sur l’élection à venir. D’où l’inquiétude dans les différents camps. La Communauté Internationale se sent trahie par les chefs d’églises. Car le processus du FFKM risque de tout remettre en question. Tout ce que les médiateurs internationaux ont concocté depuis quatre ans pourrait tomber à l’eau en un instant. Le FFKM est venu ainsi en véritable « trouble-fête » pour les chancelleries, ou tout au moins pour une frange du corps diplomatique à Antananarivo. De son côté l’opposition, craint que la démarche du FFKM ne débouche sur une nouvelle prolongation de la Transition qui favorisera le maintien d’Andry Rajoelina au pouvoir. Et l’équipe au pouvoir, elle, craint d’être tout simplement balayée, comme si de rien n’était, à la faveur d’une nouvelle transition sans Andry Rajoelina. Chacun a ses motifs d’inquiétude. Mais une chose est sûre : la prise de position du FFKM, à été toujours définitive dans le règlement des crises politiques dans la Grande Ile. C’est aux Rois de décider s’ils vont écouter les Prophètes ou non. Mais ils devront ensuite assumer les conséquences de leur choix.