Une Transition sans Andry Rajoelina

24/04/2013

La date des élections importe peu. Les propos tenus sur le maintien ou le report des élections constituent, en réalité, un faux débat. La vraie question c’est de savoir qui doit diriger le pays dans le contexte préélectoral actuel et qui doit organiser les élections futures dans le pays ? Car l’avenir de Madagascar dépend essentiellement de la réponse à ces interrogations. Personne n’est dupe. La majorité des participants à la conférence organisée par le FFKM étaient persuadés que le régime en place est loin d’être «neutre » alors que l’on est à trois mois des élections.

La majorité est également convaincue que la CENIT actuelle ne peut pas garantir une élection véritablement transparente et crédible. Ce doute est réel. Et le même doute a été d’ailleurs soulevé par la récente réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine. Ainsi, la réunion « Note que certaines dispositions de la Feuille de route n’ont pas été intégralement mises en œuvre, en particulier celles relatives au caractère neutre, inclusif et consensuel du processus de transition, aux mesures de confiance et de réconciliation nationale… ». On peut alors se poser des questions. Si au bout de presque deux ans de mise en œuvre de la fameuse Feuille de route et au bout de quatre ans de médiation internationale, on note encore le manque de « caractère neutre, inclusif et consensuel du processus de transition », on peut dire sans ambages que pas grand-chose n’a été fait pour sortir le pays de la crise depuis tout ce temps. Et que dans ce cas, la meilleure des choses consiste en une vraie table-rase. Une transition sans Andry Rajoelina, beaucoup de formations politiques de l’opposition l’ont réclamée depuis des années. C’est l’espace pour exprimer ce désir profond qui manquait depuis longtemps. Mais la conférence organisée par le FFKM a été la meilleure occasion pour beaucoup de partis politiques de remettre sur le tapis cette question essentielle. Andry Rajoelina est un président non élu, impopulaire et qui ne compte pas un seul instant lâcher définitivement le pouvoir. Et ce n’est pas à un chef de transition de ce genre que l’on peut confier les destinées d’un pays. Ce n’est pas non plus à une Commission Electorale qui a fait allégeance à ce président, en frappant à la porte de son palais pour demander des financements plus conséquents en vue des élections, que l’on doit confier l’organisation des élections que l’on souhaite transparentes et démocratiques. Les partis politiques qui ont exprimé leur désir d’une Transition sans Andry Rajoelina y pensaient depuis longtemps, mais ils attendaient juste la meilleure occasion pour insister davantage.