Il faut libérer la presse

03/05/2013

Le 3 mai rappelle plutôt un mauvais souvenir pour la presse malgache. La célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse provoque la gueule de bois. Il y a un an, les journalistes de la radio Free FM ont été placés en garde à vue à la Gendarmerie. En outre, depuis trois ans maintenant, on réclame la réouverture de toutes les radios et télévisions fermées par le régime de Transition.

En vain. Le régime Rajoelina est un régime prédateur de la liberté de la presse. La presse écrite n’est pas la référence en la matière. La profusion des titres à Antananarivo n’est qu’un leurre. La presse, en général, est muselée. 80 radios et télévisions ont été fermées par la HAT au cours des dernières années. Le syndicat des journalistes a revendiqué depuis longtemps la réouverture de ces stations audiovisuelles. Mais les autorités ont toujours fait la sourde oreille. La Feuille de route que les partis politiques ont signée en 2011, fait mention également de la réouverture des radios et télévisions fermées, pour garantir un véritable apaisement. Le Premier ministre, Jean Omer Beriziky, a donné des consignes allant dans ce sens. Mais le ministre de la Communication n’en fait qu’à sa tête. Rolly Mercia ne veut, en aucun cas, entendre parler de réouverture des radios et télévisions fermées sous le régime Rajoelina. Il est soutenu dans cette démarche par le président de la Transition lui-même. Andry Rajoelina veut ignorer tout simplement que la crise de 2009 a été déclenchée par la fermeture de sa chaîne de télévision. Pour tuer la liberté de la presse, notamment audiovisuelle, dans la Grande Ile, Andry Rajoelina et Rolly Mercia font la paire. Tout ce que la presse privée souhaite est que le ministre concerné, lors de la célébration officielle du 3 mai à Vatomandry, ce jour, soit conscient de la nécessité de mieux protéger les acquis de la liberté de la presse par le passé. On n’attend que son autorisation pour la réouverture des stations fermées. La liberté de presse n’a jamais été parfaite dans la Grande Ile. Tous les régimes successifs avaient, à leur manière, tenté de museler la presse publique et privée dans le pays. Mais depuis la levée de la censure en 1989, et depuis la libéralisation des ondes en 1992, aucun dirigeant n’a fermé 80 radios. Et aucun n’a emprisonné une dizaine de journalistes en si peu de temps.