Folklore politique

04/05/2013

Le ridicule ne tue pas. C’est sûr. Andry Rajoelina ne va pas mourir « pour avoir déposé en catimini » son dossier de candidature à la présidentielle auprès de la Cour Electorale Spéciale. Mais les conséquences politiques de cette décision sont incalculables. Quand on aperçoit, par exemple, que la CES n’a jamais démenti le nombre de dossier de candidature déposé, qui s’élève d’après la connaissance de tout le monde à 49, on ne peut que rire sous cape.

C’est la crédibilité de cette Chambre qui est actuellement remise en question. Rien d’étonnant, en fin de compte, car au sein du journal La Nation, nous avons déjà écrit que « les membres de la CES ont prêté serment devant Andry Rajoelina ». Tout simplement. Ils savent à qui obéir. Même dans sa décision d’hier, la CES parle d’abord de « quarante-neuf candidats » ayant déposé leur dossier de candidature, mais à la fin de la liste on voit au numéro 50 le nom d’Andry Nirina Rajoelina. Tout cela relève du ridicule politique. On aura tout vu au cours de cette transition, version Andry Rajoelina. Ce dernier s’est engagé au niveau national, à travers une déclaration officielle, et par la même occasion au niveau international, de ne pas participer à la prochaine présidentielle, mais il n’a pas hésité une nouvelle fois à renoncer à ses engagements. Il a tous simplement coupé l’herbe aux pieds du candidat clown du TGV, Edgard Razafindravahy. La candidature de celui-ci n’a plus sa raison d’être désormais. Car on l’a désigné au cours du Congrès du parti présidentiel pour remplacer Andry Rajoelina qui, théoriquement, n’allait pas se présenter. La Communauté internationale et l’opinion publique nationale ont été prises de court par la candidature de Rajoelina, validée avec la complicité d’une Cour Electorale Spéciale acquise à sa cause. Ce folklore politique ne pourra toutefois pas sortir le pays de la crise qui perdure depuis plus de quatre ans maintenant. Mais les membres de la CES et Andry Rajoelina s’en fichent complètement. Tout relève du jeu d’intérêt. Du moment que les « intérêts » sont préservés, le reste n’a plus aucune importance. Mais comme en 2002, la décision des juges électoraux, pourrait être lourde de conséquence. Plus rien n’est exclu désormais. La Communauté internationale pourrait avoir des réactions inattendues en raison de la décision de candidature d’Andry Rajoelina, tandis que le FFKM a toutes les raisons de tout remettre en cause. Car ce n’est pas avec ce genre de folklore que l’on peut mettre un terme aux crises politiques cycliques dans le pays. Au contraire.