Armée de gueux

08/05/2013

Plusieurs pays ont été sauvés par des armées de gueux dans leur marche vers la démocratie. Car les armées légales n’ont pas toujours été fiables pour sauver la « patrie ». Aux Etats-Unis, ce sont des miliciens qui avaient combattu pour la première fois pour l’indépendance du pays, face à l’armée de la Couronne britannique. Quand l’armée loyale aux dirigeants en place, qui n’ont pas forcément politiquement raison, ne parviennent pas à remplir leur mission républicaine, d’autres entités prennent logiquement le relais. La question se pose actuellement concernant l’armée malgache.

Quand les chefs militaires affichent publiquement leur prise de position politique, on se pose des questions. C’est plus que naturel. Les chefs militaires malgaches s’opposent en effet à la résolution de la réunion initiée par le FFKM. Indirectement. Car ils insistent sur la tenue de l’élection présidentielle programmée au 24 juillet prochain. La question de la neutralité ne se pose même plus. La tenue de la présidentielle pour le 24 juillet est une idée soutenue par Andry Rajoelina. Donc les militaires acquis à sa cause soutiennent cette éventualité. Les chefs militaires ne se sont jamais posé la question de la crédibilité de cette élection, malgré la réticence des uns et des autres à la suite de la publication de la décision de la Cour Electorale Spéciale relative à la liste définitive des candidats à l’élection du 24 juillet. Les militaires doivent pourtant se rendre compte que depuis l’indépendance de la Grande Ile, la prise de position du Conseil des églises chrétiennes de Madagascar a été toujours déterminante dans les crises politiques dans le pays. Il ne faut donc pas minimiser la résolution de la conférence initiée par le FFKM à la fin de la semaine dernière. C’est une grave erreur de faire fi de cette conférence. Pourtant, les chefs militaires continuent de jouer le jeu d’Andry Rajoelina, sans doute moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. Mais les chefs militaires doivent se pencher sérieusement sur la question. Obéir au doigt et à l’œil à Andry Rajoelina importe-t-il pour la véritable sortie de crise dans le pays ? La réponse est NON. Mais ceux qui commandent l’armée malgache n’ont pas compris cet enjeu politique. Ils continuent de jouer le jeu d’Andry Rajoelina, un président qui ne dispose d’aucune légitimité et honni par la majorité de la population malgache depuis des années. L’argent ne suffira jamais à sauver la réputation de l’armée nationale. Et l’attitude des chefs militaires poussera les Malgaches à se fier plutôt à une armée de gueux. A méditer.