Bulletin inique

13/05/2013

La tenue des élections présidentielles de cette année laisse planer des doutes actuellement. Les raisons sont multiples. Le fameux bulletin unique fait poser des questions, à différents niveaux. Quarante candidats pour une élection présidentielle à bulletin unique, cela promet. Tous les électeurs ne sont pas sûrs de cocher sur la bonne case. Car presque la moitié de la population est analphabète. Le recours à ce fameux bulletin unique relève de l’iniquité. Tout simplement. Ce n’est sans doute pas le moment d’en parler dans le pays. Si l’adoption de ce bulletin unique est définitive, la sensibilisation de la population aurait dû commencer depuis bien longtemps.

Théoriquement, le premier tour de la présidentielle se déroule en effet dans deux mois et demi, alors que la véritable forme du bulletin n’est pas encore définie. Il ne sera pas facile de tout expliquer, en quelques semaines, à la majorité de la population, les tenants et aboutissants de ce bulletin unique. C’est utopique de croire que tout se passera bien, notamment dans les régions enclavées et dans les milieux ruraux où le niveau d’éducation est loin de ressembler à celui des grandes villes du pays. Contrairement à ce que l’on est en train de faire croire, ainsi, le recours à ce fameux bulletin ne constitue guère une garantie de transparence et de sincérité pour le choix de la population. Des électeurs pourraient être impressionnés par ce nouveau bulletin et en seront incapables d’effectuer un véritable choix sincère. L’éducation de la population sera sans nul doute réalisable en milieu urbain où l’accès à l’information et la mobilisation des agents qui vont participer à la sensibilisation n’est pas très compliquée, mais c’est loin d’être le cas dans toutes les localités du pays. Le bulletin unique, qui est en vérité un bulletin inique, sera le prochain gros piège dans le processus électoral en cours. Après la publication de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle, le prochain couac sera incontestablement la sensibilisation sur le bulletin unique. On a l’impression actuellement que les dés sont déjà pipés. Avec cette forme de bulletin, il sera difficile pour la population de choisir son candidat. Mais lors du dépouillement aussi, rien ne sera facile et cela risque de prendre toute la nuit dans les bureaux de vote. Ce qui va faciliter également les tensions. A deux mois et demi du scrutin, on ressent ainsi plus de doute que de garantie chez l’ensemble de la population. Les nombreuses irrégularités du référendum du 17 novembre 2010 hantent déjà les esprits.