35 hommes pour remplacer le champion

21/06/2013

C’est sans doute le summum de l’ineptie, au cours de ce régime transitoire. La volonté de remplacer le président de la Transition par 35 membres du gouvernement relève de la pure folie. D’autant que le projet de loi y afférant viole de manière flagrante la Constitution que l’on croit encore valide actuellement. Le président de la Transition, comme il l’a récemment dit, est un champion de karate. Un champion ne peut être remplacé par n’importe qui.

Il est donc persuadé qu’il faut 35 hommes pour le remplacer à la tête du pays, si par malheur il devra quitter son poste. Mais en attendant, son principal défi c’est tout simplement de ne pas avoir à s’en aller. D’autant que le calendrier électoral est en passe d’être modifié et que la tenue des élections pour cette année semble de plus en plus hypothétique. Andry Rajoelina bénéficie ainsi d’un nouveau répit. Il n’y a pas de moyens de lui barrer la route pour le moment. Et s’il doit s’en aller, en cas d’adoption de ce nouveau projet de loi déjà débattu au parlement, ce sera toujours la foire d’empoigne au sommet de l’Etat. 35 chefs d’Etat, c’est du jamais vu. Aucune république bananière n’a osé tenter ce genre de solution bidon. Ce qui laisse penser tout simplement que Madagascar est sans doute devenue la pire des républiques bananières, au fil du temps. On a essayé plusieurs solutions pour tenter de sortir de la crise politique depuis 2009. Les accords politiques ont été signés puis violés, avant d’être remplacés. Voila deux ans maintenant que la fameuse Feuille de route a été signée, mais sa mise en œuvre n’a jamais été effective. Les élections, on en parle de puis fin 2009, elles n’ont jamais été réalisées, et il n’y a presque plus de chance de pouvoir les tenir cette année. La situation est ainsi bloquée depuis quatre ans, mais ce n’est pas non plus en remplaçant le président de la Transition par 35 hommes que l’on va tout résoudre. Au contraire, c’est une tentative qui n’aboutira à rien. Un autre coup d’épée dans l’eau. Mais on essaiera toujours de mettre à l’œuvre ce genre de solution à l’emporte-pièce. Et ainsi de suite. Les solutions bidon se suivent mais ne se ressemblent pas. Et tant que les chefs politiques et les citoyens ne se ressaisissent pas, il n’y aura le moindre espoir d’une solution durable.