La peur au ventre

02/07/2013

Ce n’est pas très étonnant que des contrôles systématiques sur des étrangers installés à Madagascar soient effectués par les autorités. D’autant que de nombreux ressortissants étrangers sur la Grande Ile se trouvent en situation irrégulière. Mais quand ce contrôle concerne plus particulièrement un garde du corps d’une candidate à l’élection présidentielle, on a du mal à croire que la politique n’y soit pas pour quelque chose. Qu’on le veuille ou non, la convocation de Jean Marc Koumba à la Brigade des Recherches de la gendarmerie relève de l’intimidation politique.

Certes, le problème pourra être facilement résolu, car il suffira d’un contrat de travail entre l’intéressé et son patron, pour que sa situation professionnelle soit normalisée. Mais en vérité, demander à Jean Marc Koumba de régulariser sa situation professionnelle, en tant que garde du corps d’une personnalité politique ne nécessitait pas une convocation à la gendarmerie. Cela aurait pu se régler d’une autre manière. Mais comme à l’accoutumée, les autorités ont commis une bourde. C’est l’image d’un régime qui a la peur au ventre que l’on vient de renforcer. Le régime Rajoelina ne s’attendait pas à l’offensive préélectorale de Lalao Ravalomanana. L’ex-première dame paraît infatigable. Elle a sillonné plusieurs dizaines de districts en quelques semaines. Et cette offensive n’est pas près de finir. Elle a encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois peut-être, pour visiter tous les districts de Madagascar. Elle ne lésine pas sur les moyens pour réussir ses déplacements. Et cela suscite des inquiétudes en haut lieu. Car les comités de soutien sont en train d’être mis en place jusqu’au fin fond des campagnes malgaches, dans les 22 régions du pays. La présence de Jean Marc Koumba auprès de Lalao Ravalomanana rappelle les images de 2002, quand Marc Ravalomanana était parti à la conquête du pouvoir à Madagascar. C’est plus que logique si cette présence dérange. La Gendarmerie a fait son travail. Mais il est difficile d’admettre que l’affaire Koumba soit politiquement neutre. Surtout à un moment où la période de précampagne bat son plein. En tout cas, au moins pour un temps, l’ex-champion du monde de kick-boxing ne sera pas visible aux côtés de Lalao Ravalomanana. Le temps de régulariser son contrat de travail et sa situation professionnelle. Rien que cette absence momentanée mettra sans doute du baume au cœur de l’actuelle équipe au pouvoir. Une équipe qui craint de perdre les élections et de tout perdre par la suite. Mais compte tenu de sa démarche, elle ne fait qu’empirer son cas.