Effet hallucinogène !

16/07/2013

Certains en sont-ils venus à apprécier la drogue pour oublier les effets de la crise ? La question se pose. La recherche d’une certaine exaltation est peut-être nécessaire. Cela permet d’oublier, au moins pour un temps déterminé, les vicissitudes de la vie. Quand on constate que plus d’une tonne de cannabis a été sur le point d’être mis sur le marché tananarivien, en une seule cargaison, on ne peut qu’en conclure que la consommation a connu une hausse importante.

Personne n’est en effet en mesure de dire combien de fois par jour ce genre de cargaison débarque à Antananarivo. Certains spécialistes de la désintoxication ont déjà noté une certaine augmentation de la consommation de produits hallucinogènes depuis le début de la crise. Plusieurs hypothèses sont évoquées : les parents, dans la difficulté, ne parviennent plus à surveiller les enfants qui sont en âge de consommation de drogues de différents types ; autre possibilité : pour se faire plaisir, la drogue et l’alcool constituent le raccourci. C’est a priori la classe défavorisée qui semble ainsi la plus grande consommatrice de produits hallucinogènes. Depuis longtemps, les Malgaches étaient grands consommateurs de boissons alcoolisées. On citait même la Grande Ile parmi les records dans ce domaine. Mais la crise socioéconomique provoquée par la crise politique a sans nul doute aggravé la situation. Sinon, pourquoi autant de « rongony » sur le marché local ? 1200 kilos de cannabis saisis en périphérie de la capitale, à Antanimenakely, ce n’est pas anodin. C’est un signe que la consommation est importante. Qui prendrait le risque de transporter autant de marchandises à… risque, si la demande n’est pas déjà garantie à l’avance ? Le comble est que ce produit semble vendu à bon marché. Avec 500 Ariary, on peut s’en procurer. C’est très inquiétant, puisque n’importe quel jeune adolescent qui dispose tous les jours de cette somme modique peut devenir consommateur de « rongony ». Une grave menace pour la société. Sans une prise en main de la situation, de manière rigoureuse, la crise politique pourrait engendrer des dégâts encore inimaginables. D’autant que la recrudescence de l’insécurité favorise aussi la production et la commercialisation des drogues de différentes natures. Cela rappelle tout simplement les cartels qui sévissent dans les pays de l’Amérique centrale et de l’Amérique du sud. Il ne faut pas oublier, par exemple, que l’on parle déjà de plus en plus d’huile essentielle de cannabis à Madagascar. Si la crise perdure, le pire est peut-être à venir.