Clivage assuré

14/11/2012

Ce n’est pas forcément bénéfique pour un pays insulaire comme Madagascar d’évoquer systématiquement la question de l’origine ethnique. Plus particulièrement, quand il s’agit de politique, et encore moins quand cela concerne un conflit déjà ouvert. Pourtant, dans l’affaire concernant le Tangalamena Patrick Zakariasy, cette épineuse question sera immanquablement évoquée. C’est inévitable.

Qu’on le veuille ou non, en effet, l’affaire concerne un Tangalamena. Pour parler de lui, la presse étrangère préfère plutôt utiliser le terme « Prince ». Car il n’est pas toujours évident de transposer dans la culture occidentale la notion de Tangalamena. Le Prince Zakariasy a passé sa première nuit en prison. C’est un scandale pour ses proches et pour tous les autres Tangalamena qui ont affirmé urbi et orbi leur soutien à un des leurs quand Patrick Zakariasy a été enquêté à la Gendarmerie. Tous les citoyens sont égaux devant la loi. Certes. Mais la notion de Raiamandreny était toujours d’une importance cruciale dans la société malgache. Et un Tangalamena est un Raiamandreny que l’on respecte généralement. Ce n’est pas le genre d’homme que l’on jette en prison quand on veut, malgré l’égalité de tous, encore une fois, devant la loi. Et pour preuve, les réactions sont multiples après la poursuite judiciaire à l’encontre du Tangalamena. Et dans ce cas précis, il est difficile de faire fi de la région d’origine du principal concerné, car son statut social en est étroitement lié. Cette affaire risque sérieusement de semer la zizanie dans la société malgache. Un Tangalamena de l’Est, emprisonné à Antananarivo, c’est un incident qui ne peut jamais passer inaperçu. Le clivage est incontournable. Il y aura, sans nul doute, une suite à l’affaire Patrick Zakariasy. Une réunion des Tangalamena est déjà prévue. Le comble, en plus, est que c’est un homme d’affaire multimilliardaire, originaire du centre du pays, qui a porté plainte contre le Prince Zakariasy. C’est comme si c’est le poids de l’argent qui a eu raison du Tangalamena qui était allé un peu trop loin dans sa lutte contre l’injustice et dans ses révélations. L’argent roi contre la Justice ? C’est une équation difficile à résoudre qui est en train de se poser depuis le début de cette affaire. C’est pourtant de cette manière que l’on parvient souvent à semer la division au sein de la population, sans que l’on s’en rende souvent compte. Si cette affaire est mal maîtrisée, elle peut susciter un véritable désordre au sein de la société malgache. Et ce n’est pas très enviable, dans un contexte déjà trop marqué par la crise politique.