De Bamako à Antananarivo

29/07/2013

Les Maliens ont voté. Les imperfections et les incertitudes sont toujours réelles, mais un peu moins de sept millions de Maliens étaient attendus dans les isoloirs hier. Il va falloir patienter encore pour savoir si cette élection présidentielle va permettre de résoudre définitivement la crise dans ce pays encore fragilisé par la menace terroriste et par les divergences de point de vue politique. D’autant que le Nord du pays est toujours assez instable et que la population locale n’a pas participé massivement à l’élection.

Mais en tous cas, à Bamako, on espère pouvoir bientôt « rétablir l’ordre constitutionnel ». C’est également sidérant d’apprendre que le deuxième tour de la présidentielle aura lieu le 11 août prochain, si aucun des 27 candidats n’est élu dès le premier tour. Le Mali est pourtant deux fois plus vaste que Madagascar, alors que sur la Grande Ile, c’est encore du domaine du rêve pour le moment de pouvoir s’attendre à des résultats définitifs d’une élection présidentielle, une semaine après le scrutin. On peut se poser des questions. Pourquoi les Maliens étaient-ils capables d’organiser la présidentielle, dans un délai que l’on peut qualifier de raisonnable ? Et pourquoi pas les Malgaches. Le coup de pouce de la Communauté Internationale était certes plus important au Mali, notamment à la suite de l’intervention militaire française pour se débarrasser du terrorisme islamiste du Nord du pays. Mais à Madagascar aussi, on se rappelle que la Communauté Internationale a promptement réagi dès le coup d’Etat de mars 2009. Sauf que le processus de sortie de crise, pour parvenir à un « rétablissement de l’ordre constitutionnel » a pris beaucoup plus de temps que prévu. A tel point que les putschistes avaient finalement tout un mandat pour mettre le pays à genou. Quatre ans et demi après le coup d’Etat de 2009, toujours aucune éclaircie pour mettre un terme à la crise politique malgache. Le cas malien était pourtant bien plus compliqué que le cas malgache. Ce n’est pas facile de faire face à des milliers de résistants armés. Et d’organiser des élections dans un délai assez court. Mais le fait est là. Malgré les imperfections, les Maliens ont voté. Quant aux Malgaches, ils devront encore patienter. Ce n’est pas pour demain, sans doute, que l’élection présidentielle va avoir lieu sur la Grande Ile. L’impasse politique est toujours une réalité. Et ce ne sont pas les médiateurs internationaux qui vont trouver la panacée pour sortir le pays de la crise.