Trop triste record

20/11/2012

C’est aussi une honte. Non seulement c’est triste, mais c’est honteux. Madagascar est champion du monde de la défécation à l’air libre. Les spécialistes, quand ils en parlent, évitent de recourir au mot et aux expressions polis. « Nous éparpillons de la merde partout », c’est le genre d’expression qui leur est familier. Dans les villes comme dans les campagnes, on en voit un peu partout de cette « matière ». A tel point que certains en sont arrivés à parler de « pays de merde ».

Evidemment, cela choque. Mais les spécialistes de la défécation à l’air libre ont plus particulièrement recours à cette méthode et à ces propos choquants, justement, pour éveiller les esprits. C’est en tous cas un trop triste record. Madagascar aurait pu s’illustrer dans d’autres domaines, bien plus agréable. Mais on se demande pourquoi on ne parvient pas à mettre en exergue autres choses de plus positifs et de plus agréables. A un moment où la situation politique est complètement bloquée, et à un moment où la situation socio-économique est également en train de péricliter, on vient nous annoncer que la Grande Ile est championne du monde de la défécation à l’air libre. Evidemment, tout est lié. Certes, les dirigeants de la Transition n’ont pas incité les gens à effectuer leurs besoins partout. Mais ce qui est sûr, c’est que si les conditions de vie et le niveau d’éducation ont évolué, on n’en serait à ce… dégoutant record. On ne peut donc pas reprocher au régime de transition d’avoir encouragé les gens à « éparpiller de la merde » un peu partout sur l’ensemble du territoire. Non. Mais on peut bien montrer du doigt ce régime d’être à l’origine de la baisse du niveau de vie de millions de Malgaches qui ont vu leur revenu péricliter au cours des trois dernières années. On peut également accuser ce régime d’être à l’origine de l’impossibilité, pour des centaines de milliers d’enfants Malgaches, d’aller à l’école. Sans une évolution notoire dans le domaine de l’éducation et sur le plan du niveau de vie, il y a pourtant peu de chance que la majorité des Malgaches cessent de pratiquer la défécation à l’air libre. Cette pratique a été toujours répandue dans la Grande Ile. Dans les buissons, sur certaines plages, ou sur les trottoirs de la capitale, tout semble permis. C’est tout simplement dégueulasse, ce record. Mais on n’y peut rien pour l’instant. Portons haut le flambeau, en attendant le véritable changement.